Le jour où le groupe Nirvana a collé un procès au groupe Nirvana

Attention à ne pas voir double. C'était il y a pile 30 ans : le 2 mai 1992, Nirvana était déjà bien installé comme groupe de rock le plus important de la décennie. C’est ce jour qu’une plainte leur est adressée de la part de… Nirvana, un duo de rock psychédélique anglais qui voulait conserver la propriété du nom.
  • Dernièrement, la plainte du bébé de "Nevermind" contre Nirvana avait de quoi faire rire. Mais c’est loin d’être la première reçue par le groupe américain. Dès 1992, en pleine explosion grunge, un groupe britannique dépose une réclamation. Venu de Londres, ce duo s’appelle également Nirvana. Sauf que celui-ci s’est formé en 1966, soit un an avant même la naissance de Kurt Cobain.

    Formé par l’Irlandais Patrick Campbell-Lyons et le Grec Alex Spyropoulos, il opérait dans le sous-genre de la pop baroque. Soit une pop-folk psychédélique accompagnée de nombreux arrangements et instruments venus de la musique classique. Mais n’est pas Procol Harum ou Moody Blues qui veut. Malgré une signature sur le prestigieux label Island, et une collaboration avec Tony Visconti, le succès n’est jamais venu. Spyropoulos jette l’éponge dès 1970, avant que son compère n’arrête le projet deux ans et deux albums plus tard. Et malgré une reformation en 1985, plus rien ne sort.

    Mais qui devait céder le nom ? Cet obscur groupe anglais, oublié de tous jusqu’à cette histoire ? Ou bien le trio de Seattle, arrivé bien plus tard ? En fait, la question n’a jamais vraiment été tranchée. Pas de procès du siècle, ici : l’affaire s’est très vite réglée à l’amiable. Mais le Nirvana britannique est clairement gagnant dans l’histoire, puisque leur homonyme américain leur a versé 100 000 euros. C’est en tout cas ce qu’affirme Everett True, biographe de Nirvana (on vous laisse deviner lequel). En échange, chacun a pu continuer à utiliser le nom comme bon lui semble. De quoi éviter des changements de nom ridicules du type « American Nirvana » ou « Nirvana UK », comme cela a pu arriver à d’autres groupes subissant la même coïncidence.

    On peut dire que la version britannique a doublement gagné dans cette affaire. Car elle leur a également apporté une certaine notoriété. En tout cas plus qu’ils n’en avaient jamais eu. Le duo a cherché à capitaliser dessus avec un projet d’album de reprises du Nirvana américain, dont ne subsiste qu’une reprise du classique Lithium. Et face au kitsch aussi improbable qu'hilarant du titre, difficile de savoir s'il faut se réjouir ou non de l'abandon du projet. Par la suite, leurs trois premiers albums ont été réédités en 2003, et encore aujourd'hui, les deux amis vivent en voisins à Athènes. Une belle fin pour une histoire qui aurait pu devenir encore plus complexe. Car un troisième Nirvana a brièvement existé en 1988, sous la forme d’un groupe de black metal suédois. Apprenant l’existence du groupe de Seattle, ils ont préféré changer pour Nirvana 2002. Et on les en remercie.

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