30 ans après, le "Something In The Way" de Nirvana devient un tube grâce à Batman

Sorti le 4 mars, le film The Batman est déjà un énorme succès, qui en entraîne un autre : celui du morceau "Something In The Way" de Nirvana. Piste de clôture de « Nevermind », il est en quelque sorte devenu le thème officieux du film, qui en reprend habilement la noirceur.
  • Bien qu’il ne soit jamais sorti en single, Something In The Way a toujours entraîné une fascination. Titre de clôture de « Nevermind » (avant une piste cachée), cette ballade simple et hantée s’est régulièrement taillée une place dans les tops des meilleurs titres du trio. Et parmi ces fans du morceau se trouve Matt Reeves, auteur et réalisateur du dernier film Batman. Celui-ci avait déjà annoncé à quel point le titre avait influencé son film, en particulier son Bruce Wayne. Plus récemment, Paul Dano, interprète de l’antagoniste du film, affirmait s’en être également inspiré. Le morceau accompagnait déjà la première bande-annonce du film en 2020, entraînant déjà un regain de popularité pour le titre. Qui devient colossal depuis la sortie du film, avec la chanson diffusée à deux reprises.

    Moins d’une semaine après la sortie, Spotify enregistrait une hausse de 1200 % des écoutes du titre sur la plateforme. Un peu plus tard, l’entreprise MRC Data évaluait cette hausse à 734 % toutes plateformes confondues, passant de 72 000 écoutes quotidiennes à plus de 1,6 millions en quelques jours. Une explosion de popularité qui s’explique bien sûr par celle du film, mais aussi par l’utilisation intelligente du titre. Pour transmettre sa vision, Reeves s’est bien basé sur son ambiance noire et pesante.

    Comme toujours chez Nirvana, cette ambiance vient de la propre vie de Cobain. Les paroles évoquent ainsi une période de quelques mois durant laquelle le chanteur était SDF, fuyant la maison de ses parents en proie au conflit. Il s’y décrit vivant sous un pont et se nourrissant de poissons. En réalité, il semble que Cobain teinte la réalité de fiction, car le seul pont près de sa maison d’Aberdeen, le Young Street Bridge, paraît totalement inadapté. Le musicien a plus tard décrit sa vision du titre au premier biographe de Nirvana, Michael Azerrad : « comme si je vivais sous un pont et que je mourais du sida, que j’étais malade, incapable de bouger ». 

    Capter cette fragilité a représenté un certain défi pour le groupe, et le producteur Butch Vig. Durant la session d’enregistrement, ce dernier est accompagné de Cobain en régie, qui lui chante une ébauche du titre. Le producteur sent qu’il faut saisir l’occasion, comme il le raconte au NME. Il l’entend « chuchotant à peine les paroles. Je lui ai dit de rester exactement où il état, j’ai débranché le téléphone, affiché un signe Ne Pas Déranger sur la porte, amené quelques micros et retenu ma respiration pendant qu’il jouait, allongé sur le canapé dans la régie ».

    La première prise est gardée pour les couplets, expliquant ce marmonnement quasi inintelligible. Krist Novoselic et Dave Grohl ont également dû s’adapter. Le premier à la guitare désaccordée employée par le musicien, compliquant l’accordage de sa basse ; le second à son rythme instable, et surtout au faible volume, inhabituel pour lui. Cela explique sans doute que le titre soit peu présent dans les concerts du groupe. Ce qui ne rend que plus magique son interprétation au concert "MTV Unplugged" In New York, dernière interprétation du titre en live. Avant de connaître cette belle postérité, sur les ailes d’une chauve-souris.

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