Fleetwood Mac fête les 40 ans de "Rumours"

  • Paru le 4 février 1977, le second album de Fleetwood Mac est sans doute celui qui a fait rentrer la pop music dans les années 1980. Mais sans le mauvais goût et le bling qui ont suivi... Retour sur le huitième album le plus vendu de tous les temps.

    Avec « Rumours », Fleetwood Mac tire le meilleur de ses contradictions internes. Formé en 1967 en Angleterre par le batteur Mick Fleetwood, qui s’entoure de Peter Green (vite parti en hôpital psychiatrique), de John McVie à la basse et de sa femme Christine au chant, ce groupe de blues typiquement britannique change de visage lorsqu’il recrute un couple explosif issu de la scène psyché de San Francisco : Stevie Nicks et Lindsey Buckingham. Nicks a le don de la belle composition et Buckingham est un guitar hero en puissance. De cette fusion résulte un premier album éponyme, paru en 1975, succès critique et commercial.

    Mic mac chez Fleetwod Mac. L’année suivante, sonné par cette célébrité à la fois espérée et inattendue, Fleetwood Mac se réunit dans un studio californien. Réuni, c’est vite dit : les deux couples du groupe sont en pleine séparation et Mick Fleetwood vit difficilement son divorce. Les drogues et l’alcool aidant, l’atmosphère est ultra tendue : personne n’a envie de se retrouver face à son ex conjoint, Nicks et Fleetwood se lancent des œillades énamourées, Buckingham se venge sur son instrument, Christine McVie a le mal du pays et se console dans les bras d’un autre.

    Ce sera donc dans l’adversité que le groupe trouvera ses plus belles mélodies, les plus fluides et les plus sincères. Rares sont les textes qui n’évoquent pas la déception sentimentale et la difficulté de devenir adulte. De cette thérapie collective sortent des morceaux comme Don’t Stop, mantra pop ultra fédérateur ou l’hymne The Chain (où sont crédités tous les membres du groupe). Assurée par Ken Caillat (Donovan, John Stewart) et Richard Dashut (complice de Buckingham), la production de « Rumours » distille un son analogique doté de la volonté de se faire une place entre le rock bourru et la pop sucrée du moment.

    Meilleur album de 1977. Couronné du Grammy Award du meilleur album de l’année 1977, « Rumours » est numéro 1 des charts américains pendant 31 semaines, quatre de ses singles rentrent dans le top 10 : Go Your Own Way, You Make Loving Fun et, bien sûr,  Dreams, superbe ballade vaporeuse de Nicks. Dix ans après l’avènement du Summer of Love, « Rumours » est un album qui parle du Moi avant tout et non de la société qui l’entoure. L’amour est individuel, douloureux, peu partagé, encore moins euphorique. Fleetwood Mac tire un trait sur le passé, oubliant ses rêves de Peter Pan et s’ouvrant aux péripéties futures d’un capitalisme cannibale. Comme par hasard, « Nevermind the Bollocks » des Sex Pistols paraît quelques mois plus tard.

    La rupture avec l’Autre, comme la rupture avec la période hippie, est définitivement consommée. Avec ses mélodies belles à pleurer et des refrains ravageurs, « Rumours » reste encore aujourd’hui le huitième album le plus vendu de l’histoire. Sans doute parce qu’il a su rendre palpable un nouveau mythe avant son explosion à la fin du 20ème siècle : sexe, drogue et pop.

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