2023 M09 4
C’est un des riffs de clavier les plus célèbres des années 1980 – pour ne pas dire de l’histoire de la pop – et un incontournable de toute playlist de sport qui se respecte. Avec son refrain en falsetto un poil agaçant à la longue et notoirement impossible à chanter au karaoké, Take On Me est peut-être LE single ultime de la synthpop, celui qui traverse le mieux les générations et qu’on ne cesse d’entendre un peu partout dans la pop culture – de The Leftovers à The Last of Us en passant par le film Super Mario Bros.
Classé numéro un des charts dans de nombreux pays en 1985, c’est tout simplement un énorme banger, et ça n’a pas échappé à The Weeknd – qui a avoué en interview qu’il écoutait a-ha pendant la composition de son album "After Hours" (2020) – ni à son producteur suédois Max Martin, avec qui il a composé Blinding Lights.
Devenu le morceau le plus streamé de l’histoire de Spotify avec près de 4 milliards de lectures, ce single monstrueux n’emprunte pas vraiment la mélodie de celui du groupe norvégien. La ressemblance se trouve ailleurs, et d’abord dans le tempo utilisé (171 BPM contre 169 pour a-ha), ce qui donne ce côté très enjoué à la mélodie. Et si on se concentre sur la forme et la sonorité des éléments rythmiques, l’inspiration est incontestable.
Il n’y a qu’à voir avec quelle facilité un mashup des deux morceaux peut être réalisé. Mais le plus troublant, c’est évidemment le son du synthé utilisé par The Weeknd pour la mélodie de Blinding Lights. Et pour cause : il s’agit du même clavier que celui utilisé par a-ha pour jouer le riff principal de Take On Me, soit un Roland Juno-60, machine emblématique du son synthpop des années 1980.
Rien de scandaleux donc, The Weeknd rend ici un hommage – revendiqué – aux sonorités et aux ambiances d’un certain âge d’or de la musique pour dancefloor. En interview, les membres d’a-ha eux-mêmes ont expliqué qu’il n’y avait aucun problème de copyright, et grosso modo paraphrasé Oscar Wilde. Vous connaissez la citation : "l'imitation est la plus sincère des flatteries."
Les choses sont-elles différentes pour le As It Was sorti par Harry Styles l’an dernier, qui concurrence maintenant Blinding Lights pour le titre de plus gros single de synthpop moderne avec son pont complètement addictif ?
Du côté du rythme, Harry Styles reprend le tempo upbeat magique de ses prédécesseurs avec 174 BPM, mais avec un son de batterie nettement moins électronique.
Les choses se compliquent un peu au niveau de la mélodie : As It Was est composée dans la même tonalité que Take On Me, et selon Justin Hawkins, leader de The Darkness reconverti en excellent youtubeur d’analyse des morceaux, le titre reprend la même progression d’accords que Take On Me, en commençant simplement la séquence à un point différent…
Mais comme Justin Hawkins le fait aussi remarquer, As It Was évoque presque tout autant The Look de Metronomy – sorti il y a déjà douze ans. Le choc.
Beaucoup de fans des Strokes ont aussi remarqué que le titre évoque aussi étrangement The Adults Are Talking, le morceau d’ouverture génial du dernier album du groupe new-yorkais, "The New Abnormal" (2020). Suffisant pour qu’un musicien se lance dans une reprise assez bluffante de As It Was, jouée dans le style des Strokes.
Quant à Blinding Lights, sa ressemblance avec un autre tube synthpop des années 1980 – le Young Turks de Rod Stewart (1981) – nous trouble encore davantage. Mais encore une fois, pas de quoi crier au loup.
On préfère retourner écouter un mashup qui mélange Take On Me, Blinding Lights ET As It Was car après tout : pourquoi pas ?
Merci la pop, merci Internet.