Au Japon, ce moine bouddhiste est aussi un DJ techno

Dans un petit temple de l’archipel nippon, un moine bouddhiste a décidé de faire de la musique électronique pour dépoussiérer sa paroisse. En modernisant les sessions de prières, il entend bien inciter plus de monde à se tourner vers Bouddha. Une manœuvre qui dans un premier temps a bien marché, puis bien sûr, a fait jaser.
  • Il s’appelle Gyosen Asakura, il est moine et habite au Japon dans la ville de Fukui. Quand il était jeune, sa destinée était déjà toute tracée : adulte, il deviendrait à son tour le prêtre du Temple Shoonji, comme ses aînés. En bon adolescent rebelle, cela ne l’enchantait guère. Pour lui, comme il l’expliquait dans ce reportage, ces endroits étaient trop « ennuyants, dépassés et stricts ». La vingtaine fraîchement atteinte, il trouve un moyen de mettre les voiles. C’est là qu’il devient DJ mais aussi technicien spécialisé dans les lumières.

    Bien engagé dans cette voie, un beau jour, il se rend compte qu’en réalité, le travail de DJ est très similaire à celui de moine. Toujours dans la même vidéo, il avoue que : « l’un comme l’autre transmettent quelque chose de très beau aux gens ». C’est ainsi que Gyosen Asakura revient au Temple Shoonji. De retour, le constat est sans appel. La fréquentation est en baisse. Les fidèles se font plus rares. En réaction, il décide d’allier sa passion à sa dévotion.

    Son idée est simple. Pour dynamiser les prières bouddhistes, il compose des rythmiques technos. À cette musique, il ajoute des lumières colorées pour décorer les murs du temple. En somme, il reproduit la combinaison entre DJ set et mapping que l’on peut voir dans les festivals. Cette discipline a un nom, elle s’appelle « Techno Hoyo ».

    Si au début « les voisins étaient les seuls à venir » affirme Gyosen Asakura dans une interview, la rumeur s’est vite répandue et le nombre a explosé. Grands comme petits, les gens étaient curieux de voir les cérémonies originales de ce prêtre. Puis les réseaux sociaux ont fait le reste. Une fois en ligne, les vidéos sont devenues, comme on dit, virales.

    Bien sûr, cette manœuvre pour rendre plus attractive cette pratique religieuse et ancestrale n’a pas reçu que des compliments. Dans une autre interview que Gyosen Asakura accordait à la BBC, il déclarait avoir suscité « beaucoup de retours, à la fois positifs et négatifs ». Ceux qui le soutenaient dans sa démarche avouaient que cette méthode les rapprochait de la « Terre pure ». Les détracteurs affirmaient pour leur part que les louanges envers Bouddha devaient être plus « sérieuses et silencieuses ».

    Finalement, cet homme aura réussi son pari. Son temple ne sera pas tombé dans l’oubli, bien au contraire. Aujourd’hui, il continue même de prêcher pour sa paroisse. Avant la pandémie, en 2019, il était l’invité du Festival Dharma Techno. Dans un long échange qu’il accordait aux organisateurs, il résumait sa démarche ainsi : « s’il n’y a pas d’enthousiasme, il n’est pas possible d’entretenir un enseignement ». À méditer.

    Crédit photo : capture écran YouTube « Japan’s DJ Monk Spins the Holiest Beats »

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