2021 M06 15
Cela fait des années que Bandcamp est vu comme le paradis des indépendants. Depuis ses débuts, le site, basé aux États-Unis, mise sur une proximité la plus directe possible entre un artiste et son audience. Les premiers ont la possibilité de personnaliser leur page, fixer leurs propres prix et contenus, et, avantage non négligeable, touchent une grande partie de l’argent des ventes.
En effet, le site prend une commission de 10 % pour chaque vente physique, et jusqu’à 15 % pour le numérique. Ils affirment qu’en moyenne, une fois déduits tous les différents prélévements de prestataires et taxes, artistes et labels perçoivent 82 % du prix de chaque vente. Si on ajoute à cela une radio et de multiples articles de recommandations, qui permettent à une communauté de plus en plus grande de découvrir chaque jour de nouveaux artistes, on constate que Bandcamp est devenu un incontournable pour tout passionné de musique.
A new generation is unearthing the treasures of Spain's experimental music underground in the 1980s. https://t.co/rhHQWPw9aB
— bandcamp (@Bandcamp) June 12, 2021
Et c’est encore plus le cas depuis le début de la pandémie. Dès le 20 mars, la plateforme annonçait renoncer à ses droits pour toute la journée. Ainsi, artistes et labels ont touché plus d’argent (93 % des ventes en moyenne, contre les 82 % cités plus haut, toujours selon le site). Pour cette première, 800 000 achats ont été effectués, pour un total de 4,3 millions de dollars. Soit 15 fois plus qu’une journée normale sur le site. Face à ce succès, le site décide de réitérer l’expérience. Ainsi, chaque premier vendredi du mois est désormais le Bandcamp Friday. Depuis, ce sont 52 millions de dollars qui ont été dépensés durant ces journées, dont 40 millions rien qu’en 2020. Si cela représente une goutte d’eau dans les milliards que pèse l’industrie musicale, c’est un soutien énorme pour les plus petits artistes, très dépendants des concerts. En pause depuis le mois de mai, les Bandcamp Friday reprendront le 6 août pour tout le reste de l'année.
Our second annual Juneteenth fundraiser is Friday, June 18th. On that day, from midnight to midnight PT, we’re donating 100% of our share of sales to @NAACP_LDF to support racial justice, equality, and change. https://t.co/bhGz3TN22P
— bandcamp (@Bandcamp) June 11, 2021
Par ailleurs, suite aux événements ayant suivi la mort de George Floyd et de nombreux afro-américains en 2020, Bandcamp a également pris position. À l’occasion du Juneteenth, anniversaire de l’abolition de l’esclavage au Texas, célébré dans tout le pays le 19 juin, le site a reversé la totalité de sa part du jour à l’association NAACP. Cette organisation historique, fondée en 1909, lutte pour l’équité et la justice raciale aux États-Unis. Le site a annoncé renouveler cette opération le 18 juin prochain, afin de lutter contre « la longue oppression structurelle et le racisme quotidien subis par les noirs et personnes de couleur, ce qui inclut de nombreux employés et artistes de la communauté de Bandcamp. […] Nous sommes encore loin du compte, et il reste encore beaucoup à faire. ». Le site déclare également soutenir plusieurs associations de la ville d’Oakland, où sont situés leurs locaux.
S’il est certain que ces journées spéciales ont participé à populariser la plateforme, la longévité de ces engagements les protège de plus en plus des accusations d’opportunisme. On a beau regarder sous tous les angles, il est difficile de vraiment prendre Bandcamp en défaut. Et sa communauté active et curieuse (notamment à l’origine de la Black Artist Database, anciennement Black Bandcamp, fichier de partage d’artistes noirs et de couleur afin de les rendre plus visible) vient couronner ces pratiques éthiques. Un bel exemple, de bout en bout.