6 albums rock à écouter pour oublier la rentrée

Quoi de plus démoralisant que la fin de la saison des festivals et le début des jours qui raccourcissent ? À l’occasion de l’arrivée inévitable de l’automne, voici une sélection d’albums qui nous accompagnent depuis la reprise et qui aident à éviter la dépression saisonnière.
  • The Coral – "Sea of Mirrors"

    Terrible injustice que celle vécue par The Coral. Depuis des années, les Liverpuldiens enchaînent les albums brillants dans l’indifférence quasi-générale, et ce "Sea of Mirrors" ne devrait pas changer la donne. Il s’agit pourtant d’une authentique perle de country-rock orchestral un peu psyché, inspiré de l’âge d’or des westerns italiens – et de leurs musiques signées Ennio Morricone – où des instruments plutôt rares aujourd’hui se mettent au service de mélodies dignes de Brian Wilson, Arthur Lee et Lee Hazlewood.

    Produit par Sean O'Hagan des High Llamas, l’album bénéficie de ses superbes arrangements de cordes, à l’image du titre crépusculaire de conclusion, Oceans Apart, encore réhaussé par une apparition vocale surprise d’un certain Cillian Murphy, évidemment fan du groupe. On se demande ce qu’il faut de plus au reste du monde pour le rejoindre.

    Slowdive – "Everything Is Alive"

    La reformation du groupe de Reading est une très belle histoire qui dure. Groupe violemment vilipendé par la presse musicale à l’époque où le shoegaze tombait en disgrâce, Slowdive est désormais considéré comme un des meilleurs représentants du genre. Un statut cimenté en 2017 par un album de comeback fantastique, suivi aujourd’hui par le nouveau miracle que constitue "Everything Is Alive".

    Bâti patiemment pendant plusieurs années, cet album où chaque titre compte a des allures de cathédrale sonore aux fondations électroniques parfaitement équilibrées. Les guitares s’effacent un peu derrière les synthétiseurs, dans une ambiance faussement minimaliste d’une grande richesse sonore – la production est toujours aussi fine – qui rappelle parfois l’ultime chef-d’œuvre ambient de leur première partie de carrière, "Pygmalion" (1995). Une merveille de délicatesse.

    Be Your Own Pet – "Mommy"

    Le 27 août dernier à Rock en Seine, un événement pouvait en cacher un autre. En attendant le retour très attendu des Strokes, le public nostalgique du revival garage des années 2000 se pressait pour assister à la reformation inattendue de Be Your Own Pet. Disparu brutalement quinze ans plus tôt après deux albums de punk adolescent incendiaire, le groupe de Jemina Pearl est donc de retour sur le label de Jack White (Third Man).

    Et la bonne surprise, c’est que le passage à l’âge adulte n’a pas assagi sa musique. "Mommy" est un album dopé à l’adrénaline où Be Your Own Pet joue avec l’imagerie BDSM pour mieux s’attaquer au patriarcat, mené par une sacrée chanteuse dont la rage légitime a été forgée par des années passées à subir le sexisme de l’industrie musicale. You go, girl !

    The Hives – "The Death of Randy Fitzsimmons"

    Cela faisait plus de dix ans que le groupe suédois n’avait pas sorti d’album. Et il faut être honnête, on a longtemps pensé que "Lex Hives" (2012) serait la dernière pierre de la discographie des Hives, qui semblaient se satisfaire de tournées destinées à jouer leurs vieux tubes. Comme nous le groupe a vieilli, pensait-on. On avait tort : "The Death of Randy Fitzsimmons" est la preuve que les Hives ne grandiront jamais, et c’est le genre de réconfort sur lequel on ne crache pas.

    Plus régressif que jamais, le groupe de Howlin' Pelle Almqvist n’a toujours pas son pareil pour jouer plus vite et fort que tout le monde des pépites de garage-punk fun et volontairement un peu idiotes. Après trente ans de carrière, les Hives n’ont pas oublié que le rock n’est pas censé être une affaire qui se prend trop au sérieux. Serait-ce là le secret de leur longévité ?

    Coach Party – "Killjoy"

    Après avoir tourné abondamment et enchaîné les singles comme les EP ces trois dernières années, il était temps pour le quatuor de l’île de Wight de sortir enfin ce premier album très attendu.

    Celui-ci ne déçoit pas : le groupe mené par la guitariste Steph Norris et la chanteuse Jess Eastwood livre avec "Killjoy" 27 minutes de rock à fleur de peau et gorgées de fuzz, où le riot grrrl vénère et jouissif (Parasite, Micro Aggression) alterne avec des hymnes nihilistes délivrés avec juste ce qu’il faut de morgue et de candeur (What’s The Point In Life, All I Wanna Do Is Hate).

    Et quand le tempo ralentit, Coach Party est toujours d’une fraîcheur désarmante, racontant préférer jouer à Nintendogs sur le canapé plutôt que de se trouver un boulot quelconque (All Of My Friends) avant de déclarer tristement sa flamme à un amour perdu (Always Been You). Un album brutally honest.

    Daiistar – "Good Time"

    Revenu sur le devant de la scène il y a une dizaine d’années, le rock psychédélique se fait aujourd’hui tellement rare qu’un premier album comme celui-ci est un cadeau du ciel pour les fans du genre.

    Sorti sur l’excellent label Fuzz Club et produit par Alex Maas, le leader des Black Angels – originaires comme Daiistar d’Austin au Texas – "Good Time" mélange les références du psychédélisme 80’s et 90’s dans un grand shaker contenant aussi une Vox Phantom, des champignons, toutes les pédales d'effets imaginables, et le résultat est aussi délicieux que bizarrement digeste.

    Entre deux pas de danse, on croit entendre des rythmiques Madchester issues du meilleur de Primal Scream ou The Stone Roses, les amplis sont poussés à fond façon Spacemen 3 ou Jesus & Mary Chain (même les lunettes de soleil sont là) et la voix est chantée avec une forme d’arrogance juvénile qui rappelle fortement Oasis. Des références hautement recommandables.

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