Une étude sérieuse confirme que les plateformes de streaming sont sexistes

Les recherches universitaires menées par des chercheurs d’Utrecht et Barcelone montre que les plateformes tendent à favoriser les artistes masculins.
  • On s’était posé la question. On a maintenant la réponse : oui, les plateformes de streaming sont sexistes. Enfin, elles ont tendance à mettre en avant les artistes masculins et à laisser dans l’ombre les musiciennes, les chanteuses, les compositrices ou les autrices. Pour en arriver à cette conclusion pas si surprenante dans une industrie qui l’est tout autant, les chercheurs Andres Ferraro, Xavier Serra et Christine Bauer ont analysé, durant neuf ans, les usages de 330 000 utilisateurs sur différentes plateformes de streaming, comme l’explique Libération dans cet article.

    Résultats : « en moyenne, les six premiers titres proposés de façon aléatoire sont signés par des artistes masculins », écrit le journal. Un énième problème pour des artistes féminines déjà sous-représentées lors de festivals, lors des nominations, dans les charts ou encore à la radio, comme le précise l’étude. Le streaming, censé être un système équitable qui en fait profite aux plus gros artistes, n’arrange donc rien. Et quid des artistes féministes ou queers par exemple ? « Ils apparaissent au plus bas niveau de popularité » sur les plateformes, écrivent les chercheurs. 

    En conclusion de cette étude, les chercheurs l’affirment : l’exposition des artistes masculins et féminins n’est pas équitable. À qui la faute ? Principalement aux algorithmes, qui analysent nos usages pour nous proposer des contenus à écouter (des albums que l’on pourrait aimer, des playlist thématiques, etc.). Un constat qu’avait fait la chanteuse Rosalia, dans une interview pour Billboard : « Ça a attiré mon attention parce que j’ai vu que lorsqu'une femme participe à un morceau avec des hommes, même si elle a le plus de temps dans cette chanson, son nom se retrouve généralement à la deuxième ou troisième place. Cela fait que l'algorithme ne le prend pas en compte, et il est plus difficile pour elle d'être entendue par de nouveaux auditeurs… »

    Aux cours des neuf dernières années, « entre 22 et 32 % seulement d’artistes streamés étaient des femmes, selon les différents algorithmes que les chercheurs ont étudiés », écrit Libération. Pour les universitaires, l’étude future « d’algorithmes alternatifs » sera cruciale pour observer l’attitude des utilisateurs face aux changements (c’est-à-dire face à une balance plus équitable des propositions de chansons) et le comportement des usagers sur le long terme. Bref, entre ça, le débat sur le « user centric » qui avance lentement, le fait que les plateformes rémunèrent très mal les artistes et que le patron de Spotify préfère racheter un club de foot anglais, ça commence à faire une liste un peu longue. 

    Pour lire l'étude complète, c'est par ici.