2021 M04 26
Imaginez une action avec simultanément un tacle et un hors-jeu; c'est un peu ce qui est arrivé à Daniel Ek, co-fondateur suédois de Spotify par ailleurs milliardaire, après s'être fendu d'un seul tweet. Au départ pourtant, rien de méchant : le mogul du streaming ne faisait que rebondir au bad buzz de la "Super ligue" européenne, un projet déjà quasi avorté, en précisant qu'il était prêt à craquer le chéquier si d'aventure le club londonien d'Arsenal était un jour à vendre. "Je soutiens Arsenal depuis aussi longtemps que je puisse m'en souvenir. Si KSE [Kroenke Sport Enterprises, le propriétaire actuel, Ndr] souhaitait vendre le club, je serais heureux d'en être". Très mauvaise idée, Daniel.
As a kid growing up, I’ve cheered for @Arsenal as long as I can remember. If KSE would like to sell Arsenal I'd be happy to throw my hat in the ring.
— Daniel Ek (@eldsjal) April 23, 2021
Même s'il est un petit génie ayant réussi à bâtir un géant du numérique en seulement 15 ans, Ek a probablement oublié que le moindre tweet peut déclencher un incendie. Et c'est bel et bien ce qui s'est passé; de nombreux musiciens connus (ou pas) ayant profité de l'occasion pour lui rappeler qu'avant de claquer des milliards dans un club de foot, le patron de Spotify ferait mieux de rémunérer les musiciens correctement. Tim Burgess, leader des Charlatans, a lancé les hostilités. Et puis tout le monde est rapidement passé à la troisième mi-temps niveau invectives.
Could we ask that you get things sorted out with musicians before jumping in with footballers?? https://t.co/8IIghEZm4O
— Tim Burgess (@Tim_Burgess) April 23, 2021
If the Spotify CEO buys Arsenal does that mean the players don’t get paid anymore?
— Tim Stillman (@Stillberto) April 23, 2021
Maybe pay footballers 0.00001p per kick of the ball?
— wavydavy (@thehumm2010) April 23, 2021
Il faut bien dire que cette proposition de rachat réanime un vieux serpent de mer : à savoir, la non rentabilité des plateformes de streaming. Avec, dans le collimateur, Spotify et ses 155 millions d'abonnements payants. En moyenne, et avec 800 tarifs (!) différents, le leader du stream (32% des parts de marché) rémunère la chanson écoutée à 0,00348 dollars. Il faudra donc théoriquement 300 écoutes à l'artiste pour gagner le premier dollar sur ladite chanson. Une situation invivable pour de nombreux musiciens dits indépendants, et qui aboutit à une paupérisation des acteurs du secteur.
Pas certain que l'offre aille au bout, vu le marasme dans lequel se trouve le foot européen depuis l'annonce de la Super ligue, et pas sûr non plus que Daniel trouve beaucoup de supporters pour l'aider à éteindre l'incendie qu'il a lui-même lancé. Dans le doute, il pourra toujours se consoler en écoutant la playlist de l'Arsenal FC, disponible ci-dessous.