Éric Cantona et la chanson : était-ce vraiment une bonne idée ?

Jamais vraiment ridicule, y compris lorsqu'il se lance dans la photographie, l'ex-footballeur devenu acteur poursuit son exploration des différentes formes d’expression artistique avec « I’ll Make My Own Heaven », un premier EP censé teaser la sortie prochaine d’un album live. Vraie réussite ou hors jeu ?
  • Youri Djorkaeff, Johan Cruyff, Marius Trésor ou encore Pascal Olmeta et Pelé : avec le temps, les footballeurs s'étant essayés à la musique sont nombreux. Et à chaque fois, c'est presque aussi gênant que de voir ses idoles tomber sans être trop gênées à l'idée de flirter avec le ridicule.
    Dès lors, que peut-on réellement espérer du premier EP d’Éric Cantona ? A-t-on simplement des raisons d'y tendre l'oreille ? Faut-il se réjouir d'entendre une énième personnalité narrer ses déboires en mode talk-over sur des mélodies dramatiques ? Doit-on croire à cette « nécessité de se raconter » ? Se poser ces questions, c’est déjà y répondre. Un peu.

    Dévoilés en juin, The Friends We Lost et Tu me diras révélaient déjà les intentions du King, conscient des « imperfections dans ce qu'il allait proposer », mais attiré par ces accidents, par cette possibilité d'aller défendre ses morceaux sur scène, de se confronter au public, de devoir être en représentation. Avec, toujours, cette certitude en lui, cette capacité à attiser les foules : « Je suis une tête d’affiche, peut-être que les Stones devraient assurer mes premières parties », a-t-il récemment déclaré à la BBC, l’air rieur.

    Aujourd'hui, celui qui avait déjà co-écrit en 2012 l'album de sa femme (l’éponyme « Rachida Brakni »), ainsi qu'une chanson extraite du projet commun de cette dernière avec Gaëtan Roussel (Lady Sir), ne masque donc rien de ses ambitions : « I'm only judged by myself », chuchote-t-il sur I'll Make My Own Heaven, l’un des deux morceaux publiés vendredi dernier, tandis que Jim Morrison et Rimbaud sont les deux noms qui reviennent le plus à chacune de ses interviews. Soit.

    Pour Éric Cantona, un tel exercice doit à l’évidence constituer une expérience inoubliable, l’occasion rêvée d'assumer ses influences (il parle de Nick Cave, mais aussi de Leonard Cohen ou Tom Waits), de mettre sa voix grave et son accent chantonnant au service de mélodies tantôt minimalistes (Je veux), tantôt dotées d'une instrumentation rock (I’ll Make My Own Heaven). Pour nous, en revanche, c’est nettement plus anecdotique. On salue l’audace, mais cela reste un exercice de style, un plaisir solitaire, aussi exigeant soit-il.

    A lire aussi