2023 M05 30
On peut reprocher des choses à Éric Cantona, mais certainement pas de craindre les critiques. Depuis la fin de sa brillante carrière de footballeur professionnel en 1997, la coqueluche des supporters de Manchester United ne cesse de se réinventer en s’essayant à toutes les disciplines artistiques. En parallèle de sa carrière de comédien au cinéma, au théâtre et à la télévision, il s’est en effet déjà essayé à la peinture et la photographie.
Et à 57 ans, le voilà donc qui se lance dans la chanson. Signé par la major Universal Music, il sortira le 2 juin ses deux premiers morceaux, écrits et composés par ses soins (The Friends We Lost et Tu me diras) avant deux autres à l’automne (I’ll Make my Own Heaven et Je veux), au moment où il partira les chanter en tournée.
Cela donnera lieu à l’enregistrement d’un album live contenant une vingtaine de titres, "la majorité en anglais". Un premier teaser vidéo en noir et blanc a déjà été diffusé, invitant ses fans à rejoindre le club "Cantona Sings Eric".
Dans son interview au Parisien, l’ancien footballeur explique ainsi ce nouveau virage :
« J’ai toujours pensé que chanter sur une scène devant un public devait être la chose la plus intense à vivre, qui pourrait procurer une adrénaline proche de celle créée par le sport. Il y aura des imperfections dans ce que je vais proposer. Mais j’aime ces accidents qui font naître de grands moments. (…) Moi, ce sont les albums live que je préfère, car certains artistes savent transcender leurs morceaux sur scène. On sent une énergie particulière, le partage avec les gens. Je chante pour ça, pour vivre ces moments d’extase. »
Mais Cantona rappelle aussi qu’il n’est pas complètement novice en la matière. On apprend ainsi qu’il a déjà signé l’ensemble des paroles de l’album sorti en 2012 par sa compagne (Rachida Brakni), mais aussi celles de la chanson Le temps passe, pour le duo Lady Sir qu’elle partageait avec Gaëtan Roussel.
« J’avais choisi de l’écrire sous pseudo (…). C’était une façon de dribbler les a priori, pour que les gens prennent cette chanson au sérieux. »
Les fans du King se souviendront aussi qu’il s’était déjà essayé à la chanson sur un morceau de Dionysos en 2007 (Epilogue), puis avec Jamie Cullum sur une version jazzy du Be Our Guest de "La Belle et la Bête" de Disney.
Il y a trois ans, on se souvient aussi que Cantona était apparu déguisé en roi dans le clip d’un morceau de Liam Gallagher (Once).
Une amitié évidemment née lorsqu’il jouait à United, et qui est évoquée dans l’interview :
« On s’est croisés plusieurs fois avec Liam. Et depuis, il y a entre nous une estime réciproque. J’aime sa posture, sa liberté, son arrogance, qui cachent une énorme sensibilité. »
Ce n’est d’ailleurs sûrement pas un hasard si la future tournée d’Éric Cantona débutera à Manchester, avant de passer en France et de se conclure à Paris par trois dates au Théâtre de l'Atelier à Montmartre. Parmi ses inspirations, il cite d’ailleurs deux personnalités éternellement liées à la capitale :
« J’écris depuis toujours, j’aime la musicalité et la poésie des mots, la liberté qu’on y trouve. Je dois aussi beaucoup à ma rencontre spirituelle, à 18 ans, avec Arthur Rimbaud et Jim Morrison. Ce sont eux qui m’ont donné cette liberté. »
Fan des Doors ("avec mon premier salaire, à l’AJ Auxerre, j’avais acheté l’album live des Doors"), Éric Cantona l’est aussi du rock britannique, avec qui on apprend qu’il partage un amour réciproque :
« Tous ceux qui sont fans de moi, je suis fan d’eux : Ian Brown, son ancien groupe The Stone Roses, Damon Albarn, chanteur de Blur et de Gorillaz, Mick Jones et Joe Strummer de The Clash… Ce sont tous des groupes que j’adore et que j’écoute ! »
On comprend enfin au fil de l’interview que Cantona se sent aujourd’hui beaucoup plus proche du milieu artistique que de celui du football, et qu’il préfère désormais éviter les commentaires politiques. Il conclut d’ailleurs en ces termes :
« Je trouve que s’exprimer à travers l’art a plus d’impact. Et si, au final ça n’a pas d’impact, au moins il restera une œuvre – enfin, que moi je considère comme telle – plutôt que la sensation d’avoir été pris pour un abruti qui discute au comptoir d’un bar. »
Le roi a parlé. Rendez-vous dans quelques jours pour vérifier s'il dit vrai.