Qui es-tu Walt Disco, toi le groupe queer qui veut casser les clichés hétérosexuels ?

Avec la sortie de son premier album « Unlearning », le groupe originaire de Glasgow, fan des Sparks et de Simple Minds, a comme des envies de venir mettre un gros coup de peinture fraîche sur le mur du rock.
  • Bon, à la base, James Potter, chanteur et principal parolier du groupe, étudiait la biologie marine à l’université. Mais sur son chemin vers les océans, lors de sa première semaine à la fac, il va finalement rencontrer d’autres poissons : Jack Martin, Finlay McCarthy, Lewis Carmichael, Charlie Lock et Dave Morgan. Walt Disco naît peu de temps après. On est alors en 2016 et les Écossais sont dans la meilleure ville du pays pour la musique. James avait pris des cours de chant avec un prof fan d'opéra quand il était ado. Logiquement, il devient le chanteur. Le groupe participe alors à une compétition « Battle of the Bands » et remporte le trophée. 1-0, balle au centre.

    Les premières compositions arrivent dès 2018, le premier EP « Young Hard And Handsome » (dont le titre est inspiré par une cassette de porno gay) débarque en 2020. Les premiers frémissements. Dès le début, l’envie est d’explorer les questions de genres et d’identités. Une manière d’exposer aussi qui ils sont profondément sans se cacher : Walt Disco est un groupe queer, c’est-à-dire qu’ils ne se reconnaissent pas «dans la sexualité hétérosexuelle, ou ne pensent pas appartenir à un genre défini. »

    Le titre d’ouverture de l’album, Weightless, est d’ailleurs décrit comme une « euphorie de genre ». Les paroles — For all of my life /  I was in the dark / Was I never my type / Oh please don't cry / It’s not too late to start — expriment certains sentiments ressentis par les personnes trans ou non-binaires, souvent discriminées alors qu’il y a « tellement de bonheur là-dedans - dans le fait de pouvoir s'exprimer au monde et de pouvoir être heureux », raconte James dans une interview pour DIY Magazine.

    Weightless est l’expression de cette acceptation de qui l’on est, avec toute la difficulté inhérente à ce processus. Et cette envie d’explorer ces questions-là se retrouve partout dans leurs musiques, que ce soit dans les thèmes abordés (comment s’habiller avec des robes et des corsets, s’accepter soi-même, la difficulté de faire des rencontres, etc.) que sur scène, où l’esprit de fête est prédominant. Walt Disco en concert, c’est un show. C’est du glam, du drama, du théâtre, de l’amour. Et c’est la même mayonnaise sur l’album. 

    Le chemin pour arriver à ce degré de lâcher prise et de conscientisation n’a pas été facile pour James et sa bande. Notamment parce qu’en grandissant entre la fin des années 90 et le début des années 2000, les icônes queers dont ils avaient besoin ne squattaient pas les chaînes de télévision. « Les artistes comme Bowie, Frankie Goes To Hollywood ou Bronski Beat appartiennent aux générations d’avant. Nous, on était en pleine Britpop, la musique indie était partout, on voyait que des mecs en veste en cuir et en jean. Ça ne nous parlait pas », raconte James. « C'est l'une des raisons pour laquelle on a créé Walt Disco, en gardant en tête ce qu'on voulait voir en grandissant et qu’on n’avait pas. »

    La face A de l’album « Unlearning » déroule le tapis sur un rythme effréné. How Cool Are You?, le tube du disque avec ses « lalalalas », représente la partie fun de Walt Disco. Celle qui veut faire la bringue, danser, et faire danser. Selfish Lover et Weightless, musicalement, suivent la même trajectoire, entre glam rock et synth pop. Mais plus on avance dans le monde de Walt Disco, plus celui-ci s’assombrit. Be An Actor, Those Kept Close et If I Had a Perfect Life explorent des contours plus tristes, plus électroniques, plus digitaux. « On écoute beaucoup de musique tristes et sombres, et cet aspect devait être sur l’album. Une chanson, c'est un peu comme un journal intime. Et s'il se passe quelque chose de triste, je me dis qu'au final, ça pourra donner naissance à une bonne chanson. » Un argument imparable. 

    Comparé à HMLTD, le groupe est pourtant un petit Ovni sur la scène musicale. Libre, expérimental et pop, Walt Disco a un boulevard devant lui pour imposer son style et ses valeurs. Les Écossais, influencés au début par tous les groupes tristounes du coin (The Associates, Orange Juice, Josef K mais aussi Sparks, « qui sont très doués pour être bizzares » raconte James), se sont petit à petit détachés de leurs amours de jeunesse pour créer un melting pot musical audacieux, voire parfois futuriste, proche à certains moments de la musique minimaliste (Macilent).

    Si on peut frôler l’indigestion sur quelques titres (Hold Yourself As High as Her, The Costume Change), « Unlearning » est une œuvre totale et sans limite. Okay, ça ne plaira pas à tout le monde. Mais ceux qui mordront à l’hameçon seront pris dans leurs filets pour un bon moment. 

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