2022 M01 5
Lael, tu te souviens de ton premier souvenir lié à la musique ?
Lael Neale : Mes parents étaient des fans de musique et si je me souviens bien mon premier souvenir c'est un festival de musique quand j'étais encore une toute petite fille. Ça devait être un festival de musique bluegrass, c'est la musique locale ici en Virginie. Ce n'est pas lié à une chanson ou un groupe en particulier, mais plutôt à une atmosphère, et au fait que la musique était présente dans nos vies.
Et ton premier instrument ?
Le tout premier, ça été le piano. Mais rapidement, les leçons m'ont ennuyée. J'avais du mal à rester assise longtemps et à mémoriser ou apprendre des chansons qui ne m'intéressaient pas. Mon frère a commencé à jouer de la guitare et ça m'a donné envie d'apprendre aussi. Et j'ai commencé à jouer des chansons que j'aimais vraiment, au lieu d'avoir des théories et des leçons sur telle note, etc.
La première chanson que j'ai apprise était de Joni Mitchell, je crois que c'était Both Sides Now. J'aimais les paroles et la poésie de ce morceau. Je crois même que j'étais plus attirée par le fait de pouvoir chanter ces paroles que par le fait de maîtriser les accords. C'est pourquoi j'ai eu une attirance pour Joni Mitchell mais aussi pour Bob Dylan : les paroles étaient incroyables.
Est-ce qu'il y a une première chanson sur laquelle tu as eu une obsession ?
J'étais fascinée par une cassette des Beatles que j'avais. Enfin, c'était un album de reprises des Beatles. Il y avait Golden Slumbers et The Long and Winding Road dessus, et on écoutait cette cassette dans la voiture de ma mère. J'ai par la suite découvert les vrais Beatles et j'adorais surtout John Lennon. C'était mon préféré des quatre. J'ai fait un exposé sur lui au lycée et je me suis senti connectée à lui et à sa musique. J'aimais aussi son personnage, à la fois dark mais très drôle et décalé. Ses messages d'amour et de paix m'ont aussi pas mal marqué quand j'étais plus jeune.
Ton premier concert solo ?
Je crois que c'était à San Francisco, vers 2010, au Red Devil Lounge, une salle de concert de la ville. J'étais terrifiée : jouer devant un public, échanger avec les techniciens de la salle, etc., j'étais perdue et complètement novice. Ça m'a pris beaucoup de temps avant que je ne sois à l'aise sur scène, ce n'est pas du tout naturel pour moi. J'étais souvent nerveuse, ma voix tremblait, je tremblais... Maintenant, j'arrive à prendre du plaisir sur scène et j'ai le sentiment d'être au bon endroit.
Ton premier album « I'll Be Your Man » ?
J'avais accumulé pas mal de chansons et quand j'ai déménagé à Los Angeles, j'ai joué mes chansons à mon copain, qui était musicien. Ensemble, on a enregistré plusieurs morceaux dans le studio de sa mère, qui était elle aussi musicienne. J'avais un manager qui a ensuite partagé mes enregistrements à des labels, mais ça ne fonctionnait pas bien. Alors on a décidé de le sortir de manière totalement indépendante.
Il s'est passé du temps entre ce disque et le second, « Acquainted with Night » qui est paru en 2021. Cette période entre ces deux albums m'a permis de comprendre où je voulais aller avec ma musique, de définir ce que j'avais envie de dire et de mieux façonner mon son. Avec mon ordinateur et Garageband, j'utilisais souvent l'effet « téléphone » qui mettait de la distorsion sur ma voix. Et comme j'ai pris l'habitude d'entendre mes chansons de cette manière, elles sonnent vraies avec ce son là. Alors j'ai cherché à le reproduire : ce sont des sonorités très intenses et brutes et ces deux termes définissent bien le style que j'affectionne.
Et pour ce nouveau disque, quel est le premier morceau que tu as écrit ?
C'est Blue Vein. Pour moi, il paraissait plus fort que les autres morceaux que je faisais à cette période. Ça m'a aussi permis d'évaluer un standard pour les autres chansons, pour qu'elles soient au même niveau, voire meilleure que celle-ci.
J'utilise trois instruments : le piano, la guitare et un Omnichord (un instrument de musique électronique). J'aime bien le fait de me limiter, ça apporte plus de créativité. C'est un challenge d'arriver à créer quelque chose de riche et luxuriant avec un set up basique. Et ça m'intéresse de créer beaucoup avec très peu.
L'album « Acquainted with Night » de Lael Neale est sorti en 2021 sur le label Sub Pop.