Interview première fois avec Joesef, l’Écossais qui secoue la pop

Chaque année débute avec son lot de nouvelles révélations. Clairement, Joesef, un Écossais de 23 ans originaire de Glasgow, est dans la tête de liste de 2020. Armé d’un premier EP, le jeune homme sera en concert en France début mars. Mais avant ça, qui es-tu Joesef ?

Ton premier souvenir musical ?

C’est la première fois que j'ai entendu Dream A Little Dream Of Me de The Mamas & The Papas. Ma mère la chantait tout le temps. J'étais tout petit mais je me souviens très bien de ce morceau. J'adore les harmonies chez The Mamas & The Papas et j'essaie de tendre vers ce genre de son quand je fais ma musique. 

Le premier CD que t'as acheté ? 

Ça devait être « Demon Days » de Gorillaz. Je l'ai eu pour Noël. Il y a des superbes chansons sur ce disque comme Feel Good Inc. et DARE. Je m'amusais à dessiner les personnages aussi. C'est très différent de The Mamas & The Papas, un côté plus électronique et hip-hop, mais les batteries sont dingues. Par contre, je n'étais pas fan de Blur. Mon père adore The Verve et j'écoutais l'album « Urban Hymns » à la maison. En Écosse on préférait tous Oasis à Blur de toute manière.

Tu te souviens de ta première obsession musicale ?

Oui, les Spice Girls. Pour ma génération, j'ai 23 ans maintenant, ça a été le premier véritable phénomène musical que j'ai connu. C’était mon premier concert aussi. 

D’ailleurs, le premier concert qui t'a marqué ?

Il y a deux ans, j'ai vu Jamie xx en solo pour la tournée de son album « In Colour ». J'y suis allé avec des amis, on avait pris "des trucs" et le concert m'a paru très émotionnel. Une expérience assez spirituelle au final. J'écoutais énormément ses chansons alors de le voir en concert ça a été assez fort.

Elle était comment la première chanson que tu as écrite ?

C'était horrible. Le morceau s'appelait I Can Never Win et faisait plus de cinq minutes. Je crois qu'elle parlait d'être bourré dans un taxi et de dire des conneries au conducteur. Après, j'ai fini par m'améliorer. Je trouve que Carole King est une songwriter incroyable dans le sens où elle arrivait à sublimer les petites choses du quotidien. Notamment It's Too Late sur laquelle elle chante « rester au lit toute la matinée pour passer le temps ». Son honnêteté m'a marqué. 

Tu as commencé par jouer de quel instrument ?

Par la guitare, quand j'étais au lycée. Une fille de ma classe de musique m'a montré les accords de Candy de Paolo Nutini. De là, j'ai passé énormément de temps dans ma chambre à jouer. Quand j'ai commencé à vouloir construire mes propres chansons, j'ai dû apprendre d'autres instruments comme la basse et les claviers. Je ne connaissais personne qui jouait de la musique autour de moi, je n'avais pas le choix. 

Tu nous parles de ton premier EP « Play Me Something Nice » ?

C'était juste après ma première vraie rupture. Je voulais raconter l'histoire de cette relation : la rencontre, comment on s'est aimé et comment on s'est éloigné. J'ai dû mettre trois à quatre mois à tout écrire et enregistrer. Je n'avais aucune attente en particulier, et je ne cherchais pas à en faire mon métier. Je bossais dans un bar à ce moment-là et je faisais de la musique comme un hobby. C'est étrange. J'essaie de ne pas prendre les choses au sérieux, un peu comme si j'allais faire un karaoké.

Dernière question : tu te souviens de ta première critique dans un magazine ?

C'était dans le journal The Guardian. On n'avait rien demandé en plus. Une journaliste a juste écrit une liste des nouveautés et il y avait mon nom dedans. Elle a dit de belles choses sur ma musique et pour l'instant, j'ai eu beaucoup de retours positifs. J'attends ceux qui seront négatifs. J'ai hâte de lire les premiers pour être honnête. Il faut des opinions tranchées en musique et je suis certain que des gens me détesteront. Pour te dire, je trouverais ça drôle qu'on me traite de con. Mais si la critique est trop détaillée et bien menée, ça me ferait plus de mal.