2019 M05 17
La première chanson qui t'a marquée ?
La première obsession, ça devait être un titre du 113, peut-être Jackpot 2000 ou un titre plus sombre. J'avais un vinyle avec l'instrumentale en face B et les boucles étaient infinies. C'est la première fois que je tourne en boucle sur un disque. DJ Mehdi était un producteur incroyable qui faisait le pont entre les musiques, comme un chimiste. Il était dans un laboratoire permanent, et avec une élégance rare.
Mon meilleur pote à l'époque, Dramane, c'était le beau-frère de Mokobé (membre du 113, Ndlr). On avait tous les t-shirts 113 et on avait l'impression de le connaître. C'est mon premier lien avec la musique et j'avais entre 10 et 12 ans.
Et le premier disque que tu achètes ?
Je crois que mon premier CD, c'était les Neg' Marrons. Je le kiffe encore ce disque. Mais le premier album qui m'a marqué, c'est Higelin « Tombé du Ciel ». C’est la pochette incroyable où il est en saut en parachute.
Ton premier instrument, c’est le piano ?
Oui, c’est le son qui m'a attiré. J'avais une compilation de musiques classiques (Chopin, Debussy, etc.) et quand j'entendais les sons du piano, ça me faisait des trucs. C'était assez étrange d'ailleurs. Ma mère a dit : « Il faut que tu joues », mais on ne savait pas comment s'y prendre.
Quand je commence, c'est comme avec les mathématiques : ça ne va pas parce que je ne comprends pas. J'essaie d'apprendre, je suis à l'école de ma ville, mon prof c'est un Bulgare qui joue à la Game Boy. Il sent bien que je suis beaucoup plus doué pour jouer au foot ou foutre la merde que pour faire du piano. Les jeunes que je côtoie dans cette école ne sont pas mes potes du quotidien. Et eux, ils comprenaient. Je dois avoir 12 ans et, du coup, je lâche. Je reprends vers 15 ou 16 ans et pendant les cours, j'apprends des accords pour créer mes propres mélodies. Les morceaux instrumentaux m’inspiraient, mais, à ce moment-là, je ne me voyais pas chanter.
On est obligé d’y venir : la première chanson de Bashung ?
Ça doit être Osez Joséphine. Mais la première claque, c'est La Nuit Je Mens et là, je comprends plus rien. Le texte est incroyable. Je la découvre sur YouTube. Mais je fais tout sur YouTube : j'ai appris à faire mes prods dessus, à me servir des logiciels, etc. J'ai un attachement à ce truc : j'ai passé mon bac en candidat libre, j'ai bossé tôt, etc. Bref, je connaissais Oh Gaby, mais après, je plonge dans les autres chansons et dans sa discographie.
Pourquoi avoir repris La Peur des Mots de Bashung sur l'EP ?
C’est une démo qu’il n’a jamais finie. Là encore, le texte est incroyable : « Tue moi, je te couvrirai de baisers ». Il y a de la pudeur dans le texte. J'ai entendu la chanson et j'ai tout de suite eu envie de la reprendre. J'ai fait un premier essai qui s'est bien passé alors j'ai fait écouté à des proches et ils me disaient : « Elle est trop bien ta nouvelle chanson ! ». Personne ne la connaît donc forcément. Je me dis aussi que des plus jeunes découvriront peut-être Bashung grâce à cette chanson. Et c'est un artiste qui a changé ma vie.
C'était comment ta première tournée avec Eddy de Pretto ?
C'est ma première grosse tournée de Zénith. Enfin, Eddy a fait une tournée de Zénith et il m'a invité. C'était fou. J'avais 30 minutes, donc tu dois faire une performance. Il y a environ 3 000 personnes dans la salle et dès le premier titre, tu dois aller les chercher. Je commence avec Mélancolie FC et ça secoue tout de suite. Sur scène, je comprends pourquoi je fais ce métier.
J'ai regardé tous ses concerts : il a un truc assez brut, assez frontal sur scène. Il est fort car il sait de quoi il parle et là ou il va. Et surtout, il chante de ouf.
Il s’annonce comment ce premier album ?
Je suis dessus là. J’ai pas mal de titres et des morceaux plus solaires. Ça fait du bien. J’ai envie de ça. J’ai envie d’amener des ballades et des chansons plus solaires.
« Mélancolie FC » vient de sortir chez Initial et Hervé sera sur la scène du Point Éphémère le 20 mai.
Crédit photo : Lorelei Buser Suero