2022 M12 15
On pourrait croire que Joe Keery passe la plupart du temps à ne pas être lui-même. Au cinéma, il incarne des rôles — le plus connu à ce jour étant celui de Steve Harrington dans Stranger Things. En musique, l’Américain s’est aussi créé un personnage, qu’il a nommé Djo (à prononcer Joe). Et si l'on peut voir une ressemblance, de loin, avec Michel Polnareff, musicalement, le garçon s’oriente plutôt vers la synthwave, la French Touch (Air, Daft Punk, Phoenix) et le glam rock.
Comme il l’affirme au site DIY, ce personnage de Djo, c’est « juste un moyen pour moi de ne pas avoir à être moi-même… Je suppose que sur scène, ça te libère un peu. J'aime aussi beaucoup David Bowie et tous ces types de glam rock. Donc jouer une sorte de personnage vous permet d'être peut-être un peu plus grand que vous-même. Et ça allait de pair avec le fait d'essayer d'enlever toutes les idées préconçues que les gens pourraient avoir parce qu'ils voient le gars de la série sur scène. » La question suivante est toute trouvée : c’est qui Djo ?
Djo, c’est Joe. Mais c’est le Joe musicien. Celui qui a commencé en jouant à Chicago dans un groupe de rock psyché, Post Animal, durant quatre ans, avant de se lancer en solo en 2019 avec l’album « Twenty Twenty ». Un disque à voir comme une rampe de lancement vers un deuxième album plus ambitieux, mieux écrit et globalement plus aventureux où les guitares sont remplacées par des synthés. Toujours au site DIY, l’acteur-musicien parle de ses influences : Parcels, les Daft, l’Impératrice, Faux Real. Que des artistes qui aiment brouiller les frontières entre les styles musicaux.
À l’instar d’un Caleb Landry Jones, un autre acteur américain signé sur le label Sacred Bones qui sort des disques casse-cou, Joe Keery sait qu’il sera jugé plus durement que d’autres. Mais l’album « Decide » sorti en septembre 2022 prouve que Djo fait de la musique pour les bonnes raisons. Le seul reproche que l’on peut lui faire, c’est celui de côtoyer de trop près ses influences.
Il y a quand même plusieurs beaux moments sur cet album enregistré à Los Angeles. Le nerveux Gloom secoue les cocotiers, On and On — qui parle de la façon dont la dépendance et l'anxiété sont liées aux réseaux sociaux et à Internet — est un excellent tube pop 80’s, End of Beginning donne envie de chanter le refrain au volant d'une décapotable sur le Sunset Boulevard juste avant le coucher du soleil, tandis que Climax est une ode aux Daft Punk. « Decide » est donc une bonne surprise, et un disque qui mérite l’une de vos oreilles, la gauche, ne serait-ce que pour le plaisir qu’il offre quand on appuie sur play.