2021 M07 7
Marion Cotillard
Depuis son rôle, et surtout sa mort, dans The Dark Knight Rises, elle est régulièrement moquée. Et si on est bien d’accord que ce n’est pas Taxi qui lui a amené son Oscar, elle est loin d’être aussi mauvaise actrice qu’on le laisse entendre. Mais peut-être qu’elle devrait faire plus de musique. Sa voix est un des points forts de la comédie musicale Annette, en ouverture du festival de Cannes. Et déjà avant ça, on avait pu l’entendre à l’occasion de quelques collaborations, auprès de Franz Ferdinand, et surtout de Yodelice. L’actrice avait même participé à sa tournée de 2010 en tant que choriste, sous le nom de Simone.
Caleb Landry Jones
Il ne démérite clairement pas au cinéma. À 31 ans, on a déjà pu le voir tourner auprès de David Lynch, Xavier Dolan, Jordan Peele ou Jim Jarmusch, toujours avec une présence étrange et remarquée. Mais en attendant le rôle qui le révélera vraiment, on peut se concentrer sur son projet musical fou. Après un obscur album de folk en 2009, il sort un album délirant en 2020, « The Mother Stone », produit par un collaborateur des Black Keys ou Lana Del Rey. Très inspiré par David Bowie, il puise autant dans le glam, la pop baroque ou le psyché. C’est totalement rétro, expérimental, dense, barré. Un peu décousu aussi, mais c’est franchement prometteur.
Steven Seagal
Avant d’être une star de films d’action, Seagal est un maître de l’aikido, l’un des premiers à ouvrir un dojo hors du Japon. Mais soyons honnêtes : sa carrière au cinéma tient plus du champ de navets. Tel Chuck Norris, il reste à des années lumière d’un Stallone ou d’un Schwarzenegger. Et son jeu parfaitement inexpressif n’a pas aidé. En revanche, il est aussi un musicien de blues, et a même sorti deux disques dans les années 2000. Constitués de country et blues sans grande originalité, ils restent bien plus supportables que beaucoup de ses films. Et joués avec un profond respect pour le genre.
Johnny Hallyday
D’accord, dire que Johnny est un acteur car il a été figurant dès ses onze ans serait tricher. Mais mine de rien, on a pu le voir jouer dans une bonne vingtaine de films, et même avec de vrais auteurs comme Jean-Luc Godard ou Costa Gavras. Cependant, malgré des curiosités comme Jean-Philippe ou Vengeance de Johnnie To, le chanteur n’a jamais trouvé de rôle vraiment mémorable… Ou alors pour de mauvaises raisons, comme Terminus, repompe de Mad Max avec une couche de cyberpunk, mais trop raté pour être autre chose qu’un nanar. Reste cet improbable Wanted, film de gangster où l’idole des jeunes donne la réplique à Renaud. Bref, mieux vaut en rester aux disques.
Mos Def
Après des débuts comme enfant acteur à la télévision, il décroche quelques rôles comiques très sympathiques dans les années 2000, dans Le guide du voyageur galactique, Soyez sympas rembobinez, ou le film d’action Braquage à l’italienne. Mais en fin de compte, on se souvient surtout de lui comme d’un rappeur, notamment grâce à son premier album solo, « Black On Both Sides », en 1999. Avant de prendre une retraite prématurée en 2016, il a publié quatre albums plus qu’honorables, ainsi qu’une collaboration mémorable avec Gorillaz dans l’album « Plastic Beach ».
Jack Black
Comique parfois lourdaud, malgré quelques performances touchantes (Soyez Sympa, Rembobinez, auprès de Mos Def, ou Rock Academy), son humour trouve peut-être une meilleure expression dans la musique, avec le duo culte Tenacious D. L’humour est pourtant bien stupide dans leur rock parodique, aux paroles souvent salaces. Ils multiplient les voix idiotes, les moments doublés à la bouche, le tout magnifié par les grimaces et l’énergie infinie de Jack Black dans les clips. C’est de l’humour d’enfant de cinq ans, mais ça marche. Parce que la musique suit, correctement produite et écrite, notamment les harmonies à deux voix, et que le tout est réjouissant. Encore actif, le duo vient de sortir une reprise des Beatles, et ils ne se sont toujours pas calmés.
Charlotte Gainsbourg
Sa carrière au ciné n’a cessé de grandir depuis ses débuts ado avec son père. En particulier dans des projets sulfureux auprès de Lars Von Trier ou Gaspar Noé. Mais la musique a fini par la rattrapper. Dans les années 2000, après les chansons polémiques écrites par son père, elle entame une vrai carrière solo. Et elle y met du sien. Dès le premier disque en 2006, le casting est un sans faute : essentiellement produit par Jarvis Cocker, on y retrouve Air, Neil Hannon de The Divine Comedy, Tony Allen à la batterie, et Nigel Godrich en régie. Pour les deux suivants, c’est Beck Hansen qui vient épauler la chanteuse. Et le dernier en date, « Rest », a quant à lui bénéficié de l’aide de Guy-Man de Homem Christo et Paul McCartney sur un titre chacun, ainsi que SebastiAn à la réalisation. Pas de quoi en faire une artiste majeure, mais cela donne des disques qui méritent qu’on s’y penche.
Ryan Gosling
Pour lui, la consécration est venu par la musique avec La La Land en 2017, comédie musicale où l’acteur joue lui-même du piano. Mais si vous ne supportez pas son jeu monolithique, peut-être que son projet musical vous plaira mieux. En 2009, il sort un album unique d’un duo nommé Dead Man’s Bone. Et personne n’avait vu ça venir de la part d’un acteur déjà bien installé à Hollywood. Sombre, onirique, torturé, ce rock indé s’inspire autant de l’univers de Tim Burton, du rock indé à la Arcade Fire que du doo-wop des années 50. Le tout avec un travail d’épure qui force le respect, et donne une teinte lynchéenne au tout.
Olivia Rodrigo
Alors qu’elle semblait partie pour être une actrice Disney, elle n’a pas attendu longtemps avant de prendre son indépendance. Peut-être s’est-elle inspirée de Billie Eilish (qui a deux ans de plus qu’elle, de quoi déjà avoir un coup de vieux). Elle débute ado dans la série Frankie & Page, puis un spin-off d’High School Musical. Puis elle a pris tout le monde par surprise dès son premier single, en janvier dernier, Driver’s License. Avant de confirmer avec son album, « Sour », en mai, qui en a surpris beaucoup par sa maturité, alternant entre une pop sensible et des morceaux à guitare qui nous renvoient au début des années 2000. De quoi apporter de la fraîcheur à la pop mainstream.
David Hasselhof
C’est le symbole d’une époque. D’abord star du petit écran, dans les Feux de l’amour, puis K 2000 et Alerte à Malibu, il est omniprésent dans les années 80. Mais c’est par la musique qu’il entre dans l’histoire avec le morceau Lookin’ For Freedom, carton en Allemagne et associé à la chute du mur de Berlin. Bien plus discret depuis les années 90, il publie encore des morceaux, comme cet improbable duo avec le guitariste des Stooges. Mais tout le monde s’en souvient avant tout comme représentant des années 80 dans ce qu’elles ont de plus kitsch, rôle qu’il assume avec un étrange équilibre entre premier et second degré. Une fonction parfaitement évidente dans le film Les Gardians de la Galaxie, où son titre Hooked On A Feelin’ vient asseoir le côté loser magnifique du héros. Une métaphore d’Hasselhof, quelque part.