2016 M12 31
En 2010, le revival indie-rock connaît son premier grand schisme : les uns se rapprochent de la pop dansante (Foals, Vampire Weekend, Yeasayer), les autres se perdent dans le brouillard influencé par le shoegaze et la cold wave (The Pains Of Being Pure At Heart, Deerhunter). Et de tous ceux qui noient leur introspection et leur chagrin dans la réverbération et la distorsion, DIIV arrive sans le moindre doute grand vainqueur. Le groupe de Brooklyn – forcément – sort le raz-de-marée “Oshin” en 2012. Et au moment où tous les embués de la barbe et des chemises boutonnées jusqu’en haut n’en ont que pour Alt-J ou Lana Del Rey, eux redorent le blason du shoegaze dans l’indie game mainstream. La même année, dans les rues humides et froides de Birmingham, Jaws voit le jour : casquette old school, Vans aux pieds, t-shirts larges et manches retroussées. Miroir britannique de DIIV ?
Les premières sorties du trio – aujourd’hui quatuor – semblent plutôt s’inspirer de surf pop, de dance music sous les tropiques et, avouons-le, d’un brin d’hédonisme. Toucan Surf tire des rayons de soleil les jours de pluie, Be Slowly se dépoussière comme une VHS d’un vieux concert des Smiths et Gold, gage de libération, exprime le côté plus pop et spontané d’un groupe qui manifeste une volonté de sauter le pas. 2016, année noire : DIIV publie un somptueux manifeste de rédemption (“Is The Is Are”). Plus radieux, plus pop, les New-Yorkais tapent juste. Jaws, eux, révèlent en novembre de la même année “Simplicity”, deuxième fournée, plus vivante que la précédente, avec ses tubes rock décontenancés (What We Haven’t Got Yet, Right In Front Of Me) et ses riffs cajolés pour des instants de gloire (Cast, On The Sunshine). Morale de l’histoire : si la léthargie cool de DIIV vous lasse, écoutez leurs cousins anglais.