2022 M10 3
Tout le monde ou presque s’accorde à le dire, même si les trois premiers albums de David Bowie contiennent tous des classiques et des pépites plus méconnues, le "Hunky Dory" sorti en décembre 1971 constitue son premier chef-d’œuvre. Il ne rencontrera le succès commercial qu'après la sortie de "Ziggy Stardust", mais il marque incontestablement le début de son âge d’or artistique : une dizaine d’années à la densité inégalée, jusqu’au début des années 1980.
Magnifique disque bourré de références new-yorkaises inspirées (on y vient plus bas), contre-pied parfait des envolées hard rock de son prédécesseur, "The Man Who Sold The World", "Hunky Dory" préfigure aussi le choc déclenché quelques mois plus tard par l’arrivée sur Terre de Ziggy Stardust.
Au milieu d'un mélange de ballades folk tordues aux paroles obscures voire occultes, de pop-(art ?) au sens classieux et "Pet Sounds" du terme, avec des arrangements orchestraux de cordes à tomber par terre (signés Mick Ronson, qui récidivera sur "Transformer" de Lou Reed), il contient en effet la première perle glam rock de Bowie, Queen Bitch.
Mais il s'agit surtout du premier album de Bowie enregistré avec la formation complète mythique qui deviendra début 1972 les Spiders from Mars : Mick Ronson à la guitare, Trevor Bolder à la basse et Mick Woodmansey à la batterie. On y retrouve aussi un certain Rick Wakeman au piano – instrument très mis en avant dans les compositions – qui a préféré ensuite rejoindre le groupe de rock progressif Yes plutôt que d'accepter la proposition offerte par Bowie de faire partie des Spiders from Mars (erreur tragique ou pas, à vous de juger).
Si l'on ajoute à cela que c’est en 1971 que Bowie a rencontré ses idoles Lou Reed, Iggy Pop et Andy Warhol à New York, forcément, la période qui englobe l’enregistrement de ce disque charnière mérite bien qu’on s’y intéresse, et le label Parlophone (Warner) qui possède les droits de David Bowie l’a compris, et tout cela arrive après qu'il ait déjà consacré un coffret à la période l'album "Space Oddity" ("Conversation Piece") et un autre à celle de "The Man Who Sold The World" ("The Width Of A Circle").
À partir du 25 novembre, il sera donc possible de se plonger cette fois dans les archives de cette année 1971 si décisive pour l’artiste qui ne s’était pas encore transformé en un alter ego extraterrestre.
Au programme de ce coffret intitulé "Divine Symmetry", pas moins de 48 inédits, avec des démos, des sessions enregistrées à la BBC chez John Peel et Bob Harris, des versions live et bien sûr des mixages alternatifs des morceaux de l’album "Hunky Dory", supervisés par Ken Scott lui-même, producteur de l’époque également présent sur "The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars" (1972) et "Aladdin Sane" (1973) entre autres.
Le tout est proposé en CD, à l’exception d’un Blu-Ray audio stéréo haute-définition, contenant le remaster réalisé en 2015 pour l’album, avec en bonus une version 5.1 de Life on Mars? pour les personnes dont le salon ressemble à un vaisseau spatial.
Quant à ceux qui ne jurent que par le vinyle, ils devront attendre le 24 février 2023 pour mettre la main sur la compilation "A Divine Symmetry (An Alternative Journey Through Hunky Dory)", contenant les mêmes versions alternatives que l’un des CD du coffret.
Enfin, comme tout coffret à 120 dollars digne de ce nom, ce "Divine Symmetry" offrira aussi un peu de lecture à ses heureux propriétaires fétichistes, puisqu’un beau livre de 100 pages regroupera des souvenirs et photos de Bowie à l’époque, tandis qu’un cahier de 60 pages reproduira des paroles, des dessins de costumes, des notes d’enregistrement et des setlists écrites à la main par ses soins durant la même période.
Quant aux notes de pochette, elles ont été rédigées par l’expert Bowiephile Tris Penna, accompagné par le producteur Ken Scott, la chanteuse Dana Gillespie, le guitariste Mark Pritchett, le promoteur du club anglais Friars Aylesbury (David Stopps), l’éditeur Bob Grace, la photographe Louanne Richards ainsi que Geoff MacCormack et George Underwood, amis de longue date de Bowie. N'en jetez plus !
Et en attendant la sortie de tout cela le 25 novembre, vous pouvez déjà écouter cette version de Kooks issue du coffret et enregistrée à l’origine pour l’émission Sounds of the 70s de la BBC, présentée par Bob Harris à l’époque.
Une chanson écrite par Bowie pour son fils nouveau-né – le futur réalisateur Duncan Jones – et qui file toujours des frissons 51 ans après.