"Hunky Dory", l'album qui a lancé Bowie, fête ses 50 ans

En 1971, David Bowie n’est pas encore une superstar. D’autres artistes comme Rod Stewart ou Deep Purple se classent cette année-là à la première place des charts britanniques, pendant que le Thin White Duke enchaîne les disques sans un véritable succès commercial. Mais ça, c'était avant "Hunky Dory".
  • Commençons par un retour en arrière. Entre le début de sa carrière musicale en 1964 et la sortie de “Hunky Dory”, Bowie enchaîne les singles qui floppent. Son premier album solo n’a aucune répercussion. Manifestement, la musique n’est pas faite pour lui. Mais il persévère et réussit à décrocher enfin un hit avec Space Oddity en 1969. Alors que la gloire lui sourit enfin, il enchaîne avec un album du même nom. Encore une fois, les résultats commerciaux ne sont pas à la hauteur de ses attentes, ni de ses albums suivants. Au niveau du style, Bowie est très flou, passant d’une musique légèrement hippie à un son vaguement hard-rock. Arrive le 17 décembre 1971, date de sortie de son quatrième album, “Hunky Dory”. Ça y est : l’Anglais est adoubé et enfin considéré comme un génie.

    Rétrospectivement, on s’apercevra que ses précédents disques contenaient déjà d’excellents morceaux. Mais ici, l’artiste trouve à la fois son style et un son en accord avec son époque ; il mélange pop, folk et donne donc naissance au glam-rock. C’est d’ailleurs ce genre qu’il popularisera mondialement avec l’album suivant (“The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars”). “Hunky Dory” atteint la troisième place des charts britanniques, preuve irréfutable que l’ensemble des titres fait mouche.

    Le disque débute avec le titre Changes. Un hymne appelant au changement à une époque où les artistes se mettent à louer le futur et la jeunesse. S'ensuit une merveille pop, Oh! You Pretty Things, qui bénéficiera en 2008 d’une belle reprise par Au revoir Simone. La piste 4 - Life on Mars? - est devenu un classique avec le temps, et à entendre comme un lointain écho au Comme d’habitude de Claude François. Fait délirant, ce bijou ne sera pas un single de “Hunky Dory”. Bowie profite de son quatrième album pour aborder des thèmes qu’il évitait jusqu’ici. Il parle notamment de son frère, alors enfermé dans un asile, mais aussi de drogue et d’homosexualité.

    Un autre sujet majeur est plus que présent sur l’album : la passion de David Bowie pour New York, particulièrement sur les chansons Song for Bob Dylan et Andy Warhol. Bien que Londonien au début de sa vie, le chanteur s’est beaucoup inspiré du Velvet Underground, alors managé par Warhol en personne.

    La force de Bowie sur “Hunky Dory” est aussi liée à sa nouvelle position. Il se place en véritable chef d’orchestre tout au long du disque, comme le sont alors les Américains : “Ce voyage aux Etats-Unis a changé ma façon de composer. Cela m’a ouvert de nouveaux horizons. Ce pays m’était encore inconnu, et la musique des grandes villes était bien plus urbaine qu’en Grande-Bretagne.” Il s’est entouré d’une équipe d’Avengers, avec Mick Ronson à la guitare, Rick Wakeman au clavier et Ken Scott à la production.

    Les succès majeurs de la carrière de Bowie arriveront après “Hunky Dory”. Cet album a préparé le terrain à l’invasion planétaire de Ziggy Stardust et a révélé le chanteur aux yeux du monde entier. Il n’est plus un raté, mais une future icône. Quand David sera célébré comme une des plus grandes popstars de tous les temps, parmi ses classiques, “Hunky Dory” s’imposera comme le disque où tout a commencé. “Hunky Dory” signifie ”tout va bien”. Cinquante ans plus tard, cela veut désormais dire “chef-d’œuvre”.