Lana Del Rey, Ariana Grande, Billie Eilish... Et si on arrêtait le bodyshaming des musiciennes ?

Sujette à d'incessantes remarques déplacées sur son apparence physique, Ariana Grande a mis les choses au point dans une vidéo TikTok cette semaine, en expliquant gentiment pourquoi il est plus que temps d'en finir avec le harcèlement sur le physique des femmes dans l'industrie de la musique.
  • Les commentaires inappropriés sur le corps de quelqu'un peuvent prendre des formes insidieuses, notamment quand on pense faire un compliment. C'est en substance le premier point développé par Ariana Grande dans un récent TikTok vu 65 millions de fois, et dédié à ses fans hardcore qui pensent bien faire en s'extasiant d'une façon incorrecte devant telle photo ou vidéo.

    « Je pense qu'on devrait faire preuve de plus délicatesse et être moins enclins à commenter le corps des gens, quoi qu'il arrive. Si vous pensez faire un compliment ou être bien intentionné, peu importe : sain, malsain, grosse, petite, ceci, cela, sexy, pas sexy… On devrait juste éviter de le faire. On devrait vraiment essayer d'arrêter de le faire si souvent. Il y a des manières de complimenter quelqu'un ou d'ignorer quelque chose que vous voyez et qui ne vous plaît pas. Là-dessus, je pense qu'on pourrait s'améliorer pour essayer d'être plus safe les uns envers les autres. »

    Le deuxième point développé par Ariana Grande est tout aussi intéressant, puisqu'il renvoie à la perception faussée que les fans se font de la vie de leurs idoles, pensant parfois les connaître intimement, au point de se permettre de leur donner des "conseils" non sollicités, alors qu'ils sont en réalité bercés par l'illusion d'une relation parasociale.

    « Il y a plein de manières d'apparaître en bonne santé et en beauté. Je sais qu'en ce qui me concerne, vous comparez mon corps actuel avec la version la plus malsaine de mon corps. Je prenais beaucoup d'antidépresseurs avec de l'alcool, et je me nourrissais mal. La pire période de ma vie est celle où vous considérez que j'avais l'air d'être au top de ma forme. Mais en réalité, ce n'était pas le cas. »

    Et face à ses fans qui s'inquiètent et en se demandant publiquement si sa minceur n'est pas causée par une maladie, Ariana Grande enfonce le clou en conseillant à tout le monde d'éviter de s'exprimer sans connaître la situation.

    « Vous ne savez jamais ce qu'une personne traverse. Donc même si vous pensez bien faire, cette personne est probablement en train de travailler sur elle-même. (…) Et on ne sait jamais ce qu'il en est, donc faites preuve de délicatesse avec les autres et avec vous-même. »

    Enfin, Ariana Grande termine avec un message body positive, incitant tout le monde à mieux s'aimer et s'accepter, ce qui ne fait jamais de mal puisque le bodyshaming ne touche pas évidemment pas que les célébrités, mais à peu près toutes les femmes.

    @arianagrande

    ♬ original sound - arianagrande

    Avec son audience colossale sur les réseaux sociaux, Ariana Grande apporte sa pierre à l'édifice de la lutte contre le bodyshaming, et elle n'est évidemment pas la première star de la pop à devoir le faire.

    Il y a quelques années, on se souvient que Billie Eilish avait mis en ligne une vidéo ("NOT MY RESPONSIBILITY") où elle s'en prenait aussi tout en douceur aux incessants commentaires que son apparence suscite, envoyant notamment une phrase dans laquelle toutes les femmes du monde peuvent se retrouver : "Si je porte quelque chose de confortable, je ne suis pas une femme. Si j’enlève les couches de vêtements, je suis une pute".

    C'est un dilemme connu : quoi qu'elle fasse et quel que soit son style vestimentaire, une femme est perdante et jugée sur son physique. Et même en 2023, elle n'est pas propriétaire de son corps, considéré comme un objet de séduction à disposition du regard masculin, qui peut le commenter à sa guise, alors que l'inverse n'existe pas.

    Lana Del Rey en sait quelque chose, puisqu'elle a récemment été visée par une vague de bodyshaming contre son corps désormais jugé trop gros par une frange des internautes.

    Après avoir subi un déferlement de haine et de moqueries sans précédent lors de ses débuts entre 2011 et 2013 (voir cet article flashback), où son nez, ses lèvres et sa minceur étaient constamment scrutés et remis en question avec une fixation sur la chirurgie esthétique qui perdure encore aujourd'hui, les commentaires sur ses photos actuelles prouvent qu'il est dans tous les cas impossible pour une femme d'échapper aux railleries.

    Emblématique de cette triste réalité, Adele a évidemment été victime de bodyshaming pendant toute sa carrière. Lorsqu'elle était en surpoids bien sûr, mais aussi après avoir perdu des dizaines de kilos, une transformation qui a suscité une quantité incalculable de critiques venues de tous les côtés.

    Même une icône aussi intouchable en apparence que Rihanna y a eu droit, ce à quoi elle avait répondu avec beaucoup d'humour sur Instagram, en postant un mème sur la transformation physique impressionnante du rappeur Gucci Mane.


    Une stratégie adoptée également par Selena Gomez en janvier dernier après son apparition aux Golden Globes, où elle aura été victime une énième fois dans sa carrière de bodyshaming – spoiler : elle n'est pas grosse, répondant avec humour aux critiques : "Je suis un peu grosse en ce moment parce que je me suis fait plaisir pendant les vacances… Mais on s’en fiche !"

    Et ce ne sont là que quelques exemples, mais on pourrait continuer ad vitam aeternam, en remontant jusqu'à Marilyn Monroe et même avant. La France ne fait malheureusement pas non plus exception au bodyshaming, et il y a quelques jours, Louane a d'ailleurs confié dans En Aparté sur CANAL+ à quel point elle souffrait encore des remarques grossophobes subies lors de son enfance.

    Comme il semble malheureusement que très peu de progrès ont été faits sur le sujet du bodyshaming, voire que la situation se dégrade en raison de l'omniprésence des réseaux sociaux dans nos vies, on résume donc une dernière fois : qu'il s'agisse d'un compliment, d'un conseil, ou d'une critique, arrêtons de commenter le physique des musiciennes, et plus généralement, laissons tranquille le corps des femmes.

    Ils ne nous appartiennent pas.

    Crédit photo : NRK P3

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