2023 M03 7
Au départ, la série était entre les mains de la réalisatrice Amy Seimetz. L’histoire devait se concentrer sur une jeune popstar en devenir un peu paumée (Lily-Rose Depp) naviguant à travers les strass et paillettes de l’industrie musicale américaine, à Hollywood, puis tombant dans les filets d’une sorte de gourou joué par The Weeknd, aussi propriétaire d’une boite de nuit à Los Angeles. Au travers des épisodes, Lily devait retrouver son autonomie et s’extirper de son emprise. Avec du sexe, de la drogue et une fausse ambiance glam, l’atmosphère devait aussi refléter le côté dark de cette industrie. Et avec une femme aux commandes, l’idée était aussi d’éviter d’avoir un regard masculin (aussi appelé male gaze) sur cette histoire d’amour tordue. Entre 54 et 75 millions de dollars sont alors dépensés et six épisodes sont tournés.
Mais finalement, Amy Seimetz est remplacée par Sam Levinson, le réalisateur de la série à succès Euphoria. D’après une enquête du magazine Rolling Stone, Amy n’avait pas de bonnes conditions pour réaliser ce projet dans les temps avec le budget accordé (scripts incomplets, tournage compliqué, etc.). Elle devait aussi jongler entre les dates pour réussir à tourner avec The Weeknd, qui avait de son côté des concerts à assurer. Toujours selon Rolling Stone, Abel Tesfaye n’aurait pas été content des premiers résultats, considérant que la série se focalisait trop sur le personnage de Lily-Rose et non sur le sien, d’où le changement de réalisateur. « C'était comme si The Weeknd voulait une série qui parle de lui et Sam était d'accord avec cette idée », raconte une source anonyme.
En 2022, l’Américain Sam Levinson reprend le scénario, change des scènes et décide de retourner des épisodes entiers. Entre ses mains, The Idol n’a plus rien à voir avec la vision d’Amy Seimetz, d’après des témoignages recueillis par le magazine Rolling Stone. La jeune popstar jouée par Lily-Rose Depp devient une femme ultra sexualisée qui se retrouve dans une relation toxique avec The Weeknd, mais qui est persuadée que cette « histoire d’amour » permet à sa musique d’être meilleure. Certains personnes interrogées par Rolling Stone accusent même la série de promouvoir la culture du viol — Sam Levinson a eu les mêmes critiques sur la série Euphoria et des scènes de nu jugées inutiles ont été coupées du montage final.
Pour pimenter le tout, Sam Levinson embauche alors de nouveaux acteurs — dont Jennie Kim du groupe de K-pop Blackpink ou encore Troye Sivan — et dépasse les délais de tournage prévus. Toujours selon Rolling Stone, l’Américain, en position de force grâce au succès d’Euphoria, avait même arrêté d’envoyer les scripts à HBO et réalisait sa série comme bon lui semblait. Des scripts dans lesquels on pouvait retrouver des scènes très dérangeantes de violences physiques et de fantasmes sexuelles glauques — The Weeknd qui frappe Lilly-Rose et qui a une érection en même temps, Lily-Rose qui devait garder un œuf dans son vagin sans le faire tomber, etc. Ceci étant dit, l'actrice a pris la parole pour dire que « Sam est, pour de nombreuses raisons, le meilleur réalisateur avec lequel elle a jamais travaillé, et qu'elle ne n'est jamais sentie aussi soutenue ou respectée dans un espace créatif ».
Pour le moment, et même si HBO n’a pas encore dévoilé la date de sortie officielle de la série — elle devrait sortir avant la fin de l’année et durer six épisodes — les premières images semblent coïncider avec les témoignages. The Idol, qui doit raconter « l’histoire d’amour la plus sordide d’Hollywood », est déjà sous les projecteurs avant sa sortie. Et si les bad buzz permettent parfois d’aider certaines séries à avoir du succès, en 2023, des témoignages comme ceux recueillis par le magazine américain devrait plutôt alerter et déranger que provoquer un engouement et une forme d'excitation.