Comment Sam Smith est devenu une immense popstar queer

Le chanteur anglais, qui a fait son coming out dans les médias en 2014 juste après la sortie de son premier album « In the Lonely Hour », fait partie des plus grandes popstars de sa génération. À l’occasion de la diffusion de l’un de ses concerts capté en octobre 2022 au Royal Albert Hall de Londres (et diffusé sur CANAL + le 24 juin), portrait express où l’on croise aussi les ombres de George Michael, Madonna et James Bond.
Jack

2023 M06 21

    • Iel est né dans un village de 700 âmes, à Great Chishill, situé à 1h30 de Londres. Pas le genre d’endroit où les adolescents homosexuels assument sans danger qui ils sont. Mais dès l’âge de 11 ans, Sam Smith savait qu’iel était gay. Alors iel l’a dit, d’abord à l’école quand l’un de ses camarades lui a posé la question. Puis iel a ensuite assumé, en s’habillant et se maquillant comme iel le voulait. Sam prend des cours de chant. Mais à 19 ans, l’Anglais se retrouve à Londres, à bosser dans un bar, avec dans sa valise ses rêves de succès.

    La première marche se fait en 2012 en compagnie de Jimmy Napes, un producteur et compositeur anglais, qui travaille avec un jeune groupe prometteur : Disclosure. Ensemble, iels enregistrent un titre intitulé Latch, qui se débrouille pas mal dans les charts britannique. Cette chanson, qui sort en octobre 2012, marque le vrai début de sa carrière. Moins de cinq mois plus tard, iel sort son premier single, Lay Me Down puis un premier EP intitulé « Nirvana ». C’est au même moment qu’on l’aperçoit pour la première fois en haut des classements, avec le titre La La La en collaboration avec Naughty Boy. 

    Tout s’enchaîne alors très vite. Sam Smith sort « In the Lonely Hour » en mai 2014. Le succès, comme pour Adèle ou Amy Winehouse, est immédiat, même si la presse n’est pas toujours enthousiaste. En même temps, iel n’est pas le premier chanteur pop à parler d’amour et de ses relations en musique.

    Le carton est surtout commercial — c’est le quatrième album le plus vendu de l’année au Royaume-Uni. Pas mal pour un premier album qui s’écoulera à plus de 12 millions de copies à travers le monde. En 2015, Sam Smith remporte 4 Grammy Awards et 2 Brit Awards. En 2016, iel compose le titre Writing’s on the Wall qui devient le générique du film James Bond 007 Spectre. Avec cette nouvelle composition arrive une nouvelle récompense : l’Oscar de la meilleure chanson originale.
    Sam joue désormais dans la cour des grands. Ses faits et gestes, ses tenues et ses propos sont scrutés. Alors quand iel s’avance lors de cérémonie des Oscars pour son speech, et qu’iel dédie ce trophée à toute la communauté LGBTQI+ du monde entier, Sam ne sait pas encore qu'il va être lynché sur le web. Dès le lendemain, Smith est victime de backlash. Ses propos étaient incorrects et son image de « mec gay mais pas trop gay » ne passe pas auprès de certains éditorialistes, comme dans cet article de The Verge. Bref, en prenant la parole ce soir-là, Sam Smith est devenu un porte-parole malgré lui.

    Après cette histoire, Sam rencontre en Australie une personne qui l’aider à prendre conscience du rôle qu’iel a à jouer pour la communauté LGBTQI+.

    « J'ai vécu dans un village au milieu de nulle part en tant qu'homme ouvertement gay dès l'âge de 10 ans. Je n'ai pas rencontré d'autres homosexuels avant l'âge de 19 ans, lorsque j'ai déménagé à Londres. Je suis juste allé quelques fois danser en boîte gay avec des amis hétéros et avec quelques copines à moi, puis je suis devenu célèbre. Je n'ai jamais eu l'occasion de me retrouver avec des personnes comme moi et de trouver des amis », raconte Sam au New York Times.

    Sam se rend qu’iel ne connaît rien de l’histoire de la communauté LGBTQI+ et commence alors à s’informer et à s’éduquer sur le sujet. Iel s'intéresse aussi à la carrière de George Michael. Mais surtout, Smith prend conscience qu’iel doit utiliser son statut et sa célébrité pour porter le message des personnes LGBTQI+. 

    À partir de là, Sam, qui arborait jusque là un style vestimentaire classique, commence à s’intéresser de plus près à la mode. Ses tenues, flamboyantes, déjantées et excentriques, ne passent plus inaperçues et deviennent par extension un moyen d’expression et d’affirmation. Iel se réapproprie aussi son corps à travers la mode.

    Sur le plan musical, ses récentes collaborations avec Madonna — sur le morceau Vulgar — ou avec Kim Petras, une chanteuse allemande transgenre — sur le titre Unholy —, renforcent aussi son statut d’icône queer. Grâce à leur collaboration, Kim est d'ailleurs devenue la première artiste trans à être récompensée aux Grammy Awards. Dans son nouvel album « Gloria » (2023), on retrouve deux interludes qui rendent hommage à des personnalités queers — le personnage de Judy Garland dans Le magicien d’Oz et un journaliste lors de la première marche des fiertés à New York en 1970. « Tous mes albums sont queer parce que je suis queer. Mais iel me tient à cœur d’envisager la musique comme un langage universel, quelque chose qui rassemble. Ces chansons ne sont pas que pour les personnes queer mais oui, on peut dire qu’elles proviennent d’un prisme queer », raconte Sam dans cette interview pour 20 Minutes. 

    Smith, qui s’est engagé dans une tournée mondiale, a joué en octobre 2022 sur la scène mythique du Royal Albert Hall de Londres. Le concert, qui a été enregistré live, sera diffusé sur CANAL + le 24 juin. Un moment de communion magique à regarder devant son canapé, et si possible en famille.

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