Le jour où Bowie a accusé MTV de blacklister les clips d'artistes noirs

En 1983, la célèbre chaine de télévision n'a que deux ans d'existence. C'est à l'occasion d'une interview avec Bowie, en promo pour son album "Let's dance", qu'elle va se faire gentiment recadrer pour le manque de diversité à l'antenne. La séquence, mise en ligne en 2016 par MTV, fair-play, est aussi surprenante qu'instructive. Quarante ans plus tard, il y a encore des progrès à faire.

Ce jour-là, en 1983, on en connait un qui a dû mouiller ses sous-vêtements : cette personne, c'est Mark Goodman, l'un des VJ phares de la chaine MTV, missionné pour aller discuter avec Bowie en face to face.

Le Bowie de cette époque est déjà une immense star, et vraisemblablement la seule capable d'ouvrir sa grande bouche pour dire tout haut ce que certains pensent tout bas : "Après avoir regardé MTV au cours des derniers mois, j'ai été abasourdi de voir qu'il y avait si peu d'artistes noirs aux heures de grande écoute. Comment ça se fait ? [...] Les seuls à être diffusés sur votre chaine passent entre 2h30 et 6h00 du matin. Vous ne croyez pas que les Isley Brothers ou Marvin Gaye peuvent complètement chambouler un ado NOIR de 17 ans ?"

La réponse de Mark Goodman, tentant de justifier les choix de la chaine évidemment plus blanche que noire, sont à découvrir dans la vidéo ci-dessus. On y apprend notamment que "tous les téléspectateurs de MTV ne vivent pas à Los Angeles ou New York et que l'idée même de voir Prince pourrait filer un arrêt cardiaque à ceux qui vivent dans le Midwest". Des propos honnêtes mais hallucinants qui ne passeraient heureusement plus aujourd'hui, mais qui témoignent du problème historique des médias avec ce qu'on appelait jadis la "black music". L'entretien a été, on le précise, réalisé l'année même du clip Thriller de Michael Jackson, diffusé en exclusivité sur... MTV. 

Hasard ou pas, la chaine préférée des ados allait par la suite revoir sa grille de programmation et donner plus d'espace aux artistes afro-américains. De l'art d'avancer vers une société plus inclusive... merci David Bowie.

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