2017 M03 13
Évitez le jeunisme. C’est l’erreur commise par de nombreuses ex-gloires du rap : vouloir coller aux tendances actuelles et s’embourber dans des sonorités de mauvais goût. Mieux vaut offrir un brin de finesse et une part de ses tripes avec un album qui colle aux morceaux autrefois aimés, ça paraît plus honnête. À l’envi, on peut aussi proposer une palette sonore plus large que celle soupçonnée. C’est d’ailleurs le pari amplement réussi des Sages Poètes de la Rue, de retour ce mois-ci avec « Art Contemporain », un album dépourvu de beats et d’influences mal digérées, mais clairement pas d’ambition.
Avoir au moins un nouveau tube en stock. Quand on a séduit le public en accumulant les classiques, surtout ne pas oublier que ce dernier est totalement prêt à en accueillir de nouveaux. Et, pour cela, l’idéal est encore de rester fidèle à ce que l’on sait faire de mieux. The Jesus & Mary Chain, par exemple, n’a visiblement pas écouté beaucoup de musique depuis sa formation en 1983 : Always Sad, leur nouveau single, possède toute la mélancolie et le romantisme qui a fait la force des frères Reid au sein de la scène indie-rock dans les années 1980. Et, parfois, c’est très bien comme ça.
S’écarter de son statut de légende. Régulièrement placés sur un piédestal, les groupes des décennies précédentes font souvent office de référence pour les adeptes du « c’était mieux avant ». L’erreur, pour tous ces artistes, serait pourtant de croire à cette idée et revenir avec un nouvel album prétentieux, mégalo, qui ressemble finalement plus à un best-of qu’à autre chose. Soulwax et Goldfrapp semblent heureusement l’avoir compris : leurs nouveaux albums, « From Deewee » et « Silver Eye », transpirent la prise de risque, le charbonnage et la minutie.
Surfer sur un nouveau buzz. Dans la musique comme au cinéma, le revival est un exercice délicat. S’il représente un intérêt d’un point de vue commercial, il peut à l’inverse bousiller une réputation. L’idée est donc de masquer cette prise de risque derrière un buzz savamment maîtrisé par une boîte de com, à l’image de Jamiroquai qui semble jouir d’un retour de hype inattendu cette année. Même Konbini ne cesse de s’enthousiasmer pour l’homme au chapeau, c’est dire.
Faire croire que ce n’est pas une question d’argent. Ce qui ne semble pas si difficile que ça : la preuve, Bono a réussi à faire passer les derniers disques de U2 pour des œuvres humanitaires, riches en préoccupations nouvelles.