Timber Timbre revient et l'ambiance n'est pas à la déconne

  • Le nouvel album des Canadiens qui sort début avril est une grandiose carte postale envoyée depuis un futur cauchemardesque... rattrapé par la réalité.

    Trois ans après le brûlant « Hot Dreams », qui rendait la mélancolie presque trop confortable, Timber Timbre revient avec « Sincerely, Future Pollutions ». Les premiers titres du nouvel album révèlent un changement de cap, moins personnel et plus engagé en réaction à la situation politique qui le bouleversent. Au point que Taylor Kirkde a cette fois fait appel aux instruments qu’il avait toujours bannis de son studio, boîtes à rythmes et synthétiseurs en tête. Explications.

    Cet album semble très inspiré par la situation politique plutôt que par des sentiments personnels, ressentiez-vous une certaine urgence de le sortir ?

    Je ne suis pas tout à fait à l’aise avec l’idée de capitaliser sur le fait que cet album soit accidentellement renforcé par le paysage politique. Je ne voulais pas extrapoler sur la situation politique catastrophique mais c’était tellement présent qu’il était impossible que cela n’interfère pas avec ce disque.

    Le titre Western Questions qui aborde la condition des migrants est aussi lourd dans le son que dans son propos. Beaucoup de musiciens hésitent à s’engager sur ce thème, qu’est-ce qui vous a décidé ?

    C’est un phénomène qui influence mes journées, et c’est le cas pour beaucoup de monde, particulièrement au Canada. On y a longtemps apprécié le privilège d’être apolitique, mais ça devient à un moment une responsabilité de l’évoquer. De ne pas en parler ça rend tout le monde complice du désastre que l’on vit.

    « Avec les réseaux sociaux, j’ai la sensation que nous sommes tous en train de faire semblant pour atteindre un sommet inatteignable »

    Il y a des sons beaucoup plus industriels, mécaniques sur ce disque en comparaison avec le précédent, est-ce cette situation qui vous a fait sortir de votre cocon ?

    Ce n’est pas une coïncidence, je voulais parler des espaces urbains et de lieux dystopiques mais aussi du consumérisme. Avec « Hot Dreams », le précédent album, j’ai eu l’impression d’être parvenu à bien exploiter les sons que j’avais toujours aimé. « Future Pollutions » au contraire réunit tous les instruments qui ne m’intéressaient pas initialement, comme les boîtes à rythme ou les synthétiseurs, alors que je voulais auparavant des sons chauds et organiques. J’étais soudain curieux de faire quelque chose qui ressemblerait à de la dance music, du disco, mais ça n’a pas marché… C’est devenu autre chose, en partie parce qu’on a travaillé au studio La Frette ici en France où ils ont une grande collection de synthétiseurs.

    Qu’est-ce qui vous a inspiré le titre The Grifting (« l’arnaque » en français, Ndr) ?

    J’ai beaucoup réfléchi à la façon dont les gens font usage des réseaux sociaux, d’Instagram, pour montrer qu’ils sont tous des artistes. Cela englobe toute une culture amateur, sans fin, et me donne la sensation que nous sommes tous en train de faire semblant pour atteindre un sommet inatteignable. C’est devenu une technique de diversion aussi pour ne plus voir ce qui se passe dans la rue, dans le monde.

    « Future Pollution » de Timber Timbre sort le 7 avril
    http://www.timbertimbre.com/

    Le groupe est en tournée en avril :

    06/04/2017 Rennes – Festival Mythos
    17/04/2017 Tourcoing / Lille – Le Grand Mix
    19/04/2017 Paris – La Cigale
    20/04/2017 Bourges – Le Printemps de Bourges

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