A voir : un court-métrage créé à partir des dessins de John Lennon

Les adeptes de la carrière de John Lennon connaissent sans doute ses talents d’illustrateurs. Ce qui est plus confidentiel, c’est qu’en 1986, soit 6 ans après sa mort, Yoko Ono a demandé à l’animateur oscarisé John Canemaker de donner vie aux dessins et gribouillages de son défunt mari. Le résultat s’intitule « The John Lennon Sketchbook » et prend la forme d’un court-métrage. Il a fallu attendre 30 ans après sa création pour qu’il soit enfin disponible sur YouTube.
  • Toute sa vie, John Lennon a inventé des centaines de personnages de cartoons, tous plus barrés les uns que les autres. Six ans après sa mort, en 1986, Yoko Ono a eu l’envie d’en réunir certains pour donner naissance à un court-métrage. Elle a donc été chercher John Canemaker, un animateur indépendant devenu avec les années référence en la matière. En trois mois seulement, The John Lennon Sketchbook sortait de l’imagination de l’artiste. Ce film s’est finalement retrouvé sur YouTube en 2015, soit près de 30 ans après sa création.

    À l’origine de cette histoire, il y a le voyage de John Canemaker à la première édition du Festival international du film d’animation d’Hiroshima, en 1985. Sur place, le New-Yorkais d’adoption fait une étonnante rencontre. Son interprète se nomme Yoko, ce qui n’est pas sans lui rappeler sa célèbre voisine Yoko Ono, qu’il a souvent croisée, mais à qui il n’a jamais parlé, par volonté de ne pas l’importuner. Séduite par cette simple anecdote, la Yoko du Japon va écrire une lettre à la veuve de John Lennon pour lui dire tout le bien qu’elle pense du réalisateur. Grâce à ça, Canemaker et Ono vont directement rentrer en contact.

    Lorsque 1986 commence, John Canemaker reçoit un coup de fil de Sam Havadtoy, le coordinateur des projets personnels de Yoko Ono. Il lui demande de le rejoindre au Studio One, c’est-à-dire dans les bureaux de la chanteuse. Arrivé sur place, il lui fait part d’une toute nouvelle idée que la compagne de Lennon souhaiterait réaliser : animer certains des dessins de son défunt mari. Canemaker accepte. Dans les colonnes du magazine How paru en septembre/octobre 1987, il raconte :

    « Je n’ai pas seulement senti que je pouvais animer les œuvres de John. J’ai eu l’envie d’en faire un film qui évoquerait sa relation avec Yoko Ono en utilisant leurs voix et leur musique, un peu comme je l’avais fait avec mon documentaire “Confessions of a Star Dreamer”, qui raconte les combats d’une actrice dans le monde du théâtre. »

    Convaincue par cette proposition, la paire Havadtoy/Ono souhaite passer à la vitesse supérieure. Rapidement, John Canemaker est de nouveau convoqué au studio. Pour cette nouvelle réunion, on lui présente une pile de 200 dessins signés par la main de l’ex-Beatles, dont certains remontent à son enfance. De façon très spontanée, il en retient 75 pour le moins spéciaux, qui vont lui servir de base.

    Prochaine étape, l’habillage sonore. Là encore, le réalisateur se montre tout aussi rapide et inspiré. Toujours dans l’article de How, il explique :

    « J’ai d’abord utilisé la chanson The King of the Zoo de l’album “Starpeace” (1985) de Yoko Ono. Concernant John, j’ai pioché deux morceaux dans “Shaved Fish” (1975), Imagine et Whatever Gets You Thru the Night. Enfin, pour les parties où ils se parlent, j’ai récupéré des extraits de “Heart Play: Unfinished Dialogue”. »

    Avec tous ces éléments en sa possession, John Canemaker accouche du script de ce que va être le court-métrage The John Lennon Sketchbook. Lorsqu’il le dévoile à Yoko Ono, elle avoue que « le résultat promet d’être exceptionnel, exactement comme nous l’espérions ». D’un commun accord, le 28 janvier 1986, les deux parties signent les contrats en présence de leurs avocats. Le cœur du travail peut commencer.

    Pendant presque deux mois, John Canemaker et ses équipes vont travailler d’arrache-pied à la réalisation de ce film. Après de longues sessions d’étalonnage, d’habillages en tous genres, de synchronisation des musiques et des images, sans oublier bien sûr, d’animations, le résultat est à la hauteur de leurs attentes. À celles de Yoko Ono également. C’est ce qu’elle va faire savoir à son retour d’une tournée européenne, à la fin mars 1986, quand elle découvre la version définitive. « Je l’adore », dira-t-elle simplement.

    Au bout du compte, la veuve de Lennon ne souhaitera pas que le court-métrage soit diffusé à la télévision. Il sera utilisé à certaines occasions spéciales, à l’image de cette exposition à la Dyansen Gallery Soho de New York en avril 1986. Pour sa part, Canemaker aura l’autorisation de le montrer lors des festivals de films internationaux afin de présenter son travail. Le grand public ne découvrira ce The John Lennon Sketchbook que 30 après sa création. Puisque c’est en 2015 seulement, qu’il se retrouvera enfin sur Internet. War is over, comme disait l'autre.

    Crédit photo en une : YouTube « The John Lennon Sketchbook »

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