2016 M11 9
« Je préfère lire que jouer de la guitare. Et je dois finir un livre une fois que je l’ai commencé, ce qui signifie que je lis beaucoup de daubes. » Ces mots ne sont pas ceux d’un Bob Dylan récemment nobelisé, mais d’un mec qui, depuis quarante ans, passe son temps à chanter ses rêves (Close To Me, dans lequel il se voit enfermé dans un placard tombant du haut d’une falaise dans l’océan), ses cauchemars (Lullaby) et son goût pour la littérature. Cet homme, c’est Robert Smith, leader des Cure, lecteur compulsif et rockeur incroyablement fier d’avoir lu des livres.
Sinon, comment expliquer qu’il ait adapté une nouvelle (Charlotte Sometimes) de l’Anglaise Penelope Farmer, grande prêtresse des romans fantaisistes ? Comment justifier ce Bananafishbones, écrit en hommage à la nouvelle de J.D. Salinger, Un jour rêvé pour le poisson-banane ? Comment aller contre cette idée quand on sait que Smith, dans un entretien avec Rock & Folk en 1996, s’est ouvertement dit inspiré par le principal héros de J.D. Salinger, Holden Caulfield, qui lui aurait donné envie d’être son « propre personnage, d’être différent » ?
Bref, on ne va pas la faire plus longue, au risque de tomber dans une liste indigeste et de toute façon non exhaustive s’agissant d’un groupe qui a multiplié les références à Rimbaud, Edgar Allan Poe, Dylan Thomas ou Baudelaire (en 1987, How Beautiful You Are réadapte le poème Les Yeux des pauvres). Tout ce qu’on peut dire, c’est que ces références ont toujours autant fasciné qu’agacé. À commencer par le label Hansa qui a refusé de publier Killing An Arab en 1978 (inspiré de L’étranger d’Albert Camus, rappelons-le) avant de mettre un terme à sa collaboration avec les Cure. Comme quoi, la littérature, il y a en toujours pour trouver ça ennuyeux et triste comme la pluie.