Comment Stranger Things a ressuscité le tube de Kate Bush, "Running Up That Hill"

Le phénomène n’est plus si étrange : 37 ans après sa sortie, le titre "Running Up That Hill" de Kate Bush connaît un succès nouveau grâce à la série "Stranger Things". C’est que le titre est loin d’être un simple accompagnement, au point d’être devenu le thème officieux de cette quatrième saison disponible désormais sur Netflix, via l'offre CANAL+.
  • C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs soupes. Ou les meilleurs succès, en l’occurrence. Tout comme le film Batman, qui a relancé l’intérêt pour Something In The Way de Nirvana, c’est Running Up That Hill de Kate Bush qui se retrouve aujourd'hui popularisé par la saison 4 de Stranger Things. Ce n’est un secret pour personne que la série surfe à fond sur l’esthétique des années 80. Et cette nouvelle saison, dont la première partie est sortie le 27 mai, ne fait pas exception. Sa bande-son fait ainsi entendre Talking Heads, Dead Or Alive (avec leur tube You Spin Me Round), Kiss, ou les Cramps. Mais le titre de Kate Bush a une place à part, étant le morceau préféré d’un des personnages, et son meilleur allié dans une situation dramatique. Au point qu’on entend presque plus souvent ce titre que le générique de la série. Une situation plus logique qu’il n’y paraît, tant le morceau vient parfaitement servir la narration imaginée par les frères Duffer.

    À l’inverse de Something In The Way, Running Up That Hill fait partie des morceaux phares de Kate Bush. Il s’agit là du premier single extrait de "Hounds of Love", en 1985, cinquième album déjà pour la chanteuse d’alors 27 ans. Mais au final, son succès s’était avéré relativement modeste. Le voilà maintenant catapulté en tête des écoutes des charts iTunes. Nul doute que les autres classements seront du même type. Au départ intitulé A Deal With God, la chanson est renommée par la maison de disques par peur de choquer les chrétiens conservateurs. Il n’y a pourtant rien de blasphématoire dans ce titre, où Bush imagine pouvoir échanger sa place avec son amant pour mieux comprendre ses pensées. Cette idée de Dieu prend néanmoins un tout autre sens dans Stranger Things, où le titre sert d’allié contre un monstre qui tend plus du démoniaque.

    Mais sa vraie thématique (et sans doute aussi celle de la série) est bien la compréhension de l’autre, et de ses sentiments. Il s’agit de prendre l’idée d’empathie au sens littéral : se mettre à la place de l’autre. C’est ce que la chanteuse expliquait en 1992 à la BBC1 : « J’essayais d’exprimer qu’au fond, l’homme et la femme ne peuvent se comprendre mutuellement car ils sont homme et femme. Et si on pouvait réellement échanger les rôles, être l’un à la place de l’autre pendant un instant, je pense qu’on serait tous les deux très surpris ! »

    Outre son texte, la chanson comporte également ce qui faisait la patte de Bush à l’époque. À savoir le son du synthétiseur Fairlight CMI, au son très caractéristique, et permettant d’utiliser des samples, qui a été le principal outil de composition. Mais aussi la présence de son frère Paddy avec des instruments rares, ici la balalaika russe (qu’il employait déjà dans Babooshka). Le premier élément du morceau, cependant, a été une rythmique élaborée sur une boîte à rythmes LinnDrum par Del Palmer, bassiste et compagnon de la chanteuse. Une manière de placer la synthèse au service de la voix humaine. Autant d’éléments qui donne au morceau un aspect à la fois très daté, mais aussi quelque chose de mélancolique. Bref, encore un indice qu’il était le choix parfait pour une série comme Stranger Things.

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