2017 M09 8
Troubles de la mémoire. Depuis la démonstration de force des suprémacistes blancs en Virginie et le meurtre de Heather Heyer, le débat fait rage aux États-Unis : que faire des symboles issus de la guerre de Sécession ? Doit-on détruire les lieux de mémoires confédérés dans le Sud ? C’est dans ce contexte que Michael Santiago Render, alias Killer Mike, a décidé de frapper les esprits. Son idée : une gamme de vêtements intitulée “Winner and Losers”, dont le logo n’est rien d’autre qu’un panneau de score de basket opposant les drapeaux confédérés et américains. Résultat du match : 1-0 pour les USA. Au-dessus, le chrono affiche « 18 : 65 » en hommage à l’année où la guerre civile s’est terminée, 1865.
Dirty South. Un moyen de rappeler aux autoproclamés patriotes qui arborent le « Southern Cross » quel camp a perdu. Et de débanaliser la bannière, comme l’explique le rappeur originaire d’Adamsville, Géorgie, à Playboy : « J’ai grandi dans les souvenirs et drapeaux confédérés. En tant qu’habitant du Sud, tu y es habitué. Est-ce que le brandir c’est approuver l’esclavage ? Oui, parce que c’est l’institution sur laquelle s’est bâtie le Sud. » Il y a quelques mois, le MC avait d’ailleurs commercialisé des t-shirts « Kill Your Masters »…
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Killer Mike for President. L’engagement politique de Killer Mike n’est pas qu’un coup marketing. Aux côtés d’EL-P ou non, l’Américain est un habitué des lyrics aiguisées et des prises de positions publiques, notamment en faveur de Bernie Sanders. Le 16 août, il avait d’ailleurs dénoncé sur Instagram l’attitude du « gérant de casino qui se fait passer pour le président » après que ce dernier a réagi au drame de Charlottesville en renvoyant militants antifascistes et manifestants racistes dos à dos.
« À un certain point, le problème ce n’est plus uniquement le président.«
Sauf que Trump n’est pas sa seule cible. Killer Mike invite régulièrement la société américaine à une profonde introspection collective. « À un certain point, le problème ce n’est plus uniquement le président. C’est à l’intérieur du prolétariat. Parce qu’on a décidé d’être à l’aise avec notre colère et notre culpabilité », a-t-il déclaré, toujours à Playboy. C’est pourquoi il veut aller plus loin. Son nouveau défi : s’impliquer pour faire élire maire d’Atlanta Vincent Fort, ancien du parti démocrate qui a rejoint les rangs de Bernie Sanders. Et, qui sait, peut-être qu’en 2020 on verra lors de meetings des t-shirts « Killer Mike for President » ?