Qui es-tu Demain Rapides, toi le lauréat des iNOUïS du Printemps de Bourges ?

Un an après Eesah Yasuke, un autre Lillois a donc mis tout le monde d'accord à Bourges. Il s'appelle Demain Rapides et donne déjà toutes les raisons d'être aimé. Parce qu'il cite La Caution en référence, et parce qu'il parle de petites misères ordinaires sur des beats synthétiques.
Maxime Delcourt

2023 M04 25

    • Depuis Lille, Demain Rapides offre en quelque sorte une version musicale de Leurs enfants après eux. À la manière du livre de Nicolas Mathieu, on retrouve dans ses morceaux le même désir de liberté, la même énergie adolescente, le même spleen d'une jeunesse qui tente de survivre dans la peine de ces journées invariables, la même façon de raconter ces échapées belles dans l'habitacle d'une voiture finalement à l'image de l'époque : mal en point.

    Artificiel bleu, Aérodrome, Chien mort, c'est donc le résultat d'un mélange hautement synthétique entre des cuites à la mauvaise bière, une scansion brute, mal élevée, héritée du hip-hop et des réflexions probablement nées lors d'errances nocturnes dans les zones industrielles du Nord de la France.

    Si tout risque de s'accélérer désormais pour Damien Deparis en tant que nouveau lauréat des iNOUïS du Printemps de Bourges, tout était finalement déjà là depuis quelques années : avant Demain Rapides, il y a eu différents projets, en solo ou en groupe (Bruit Blanc, notamment), un premier concert sur le parvis de la gare d'Arras, un passage au Bars en Trans, une multitude d'expériences dans le champ de l'art (il est passé par les Beaux-Arts de Tourcoing) et des références qui convoquent tout et son contraire, de la conscience sociale de Bob Marley à la coolirude de Doc Gynéco, des dérives électroniques de Dead Can Dance aux expérimentations hip-hop de La Caution. 

    De surcroît, Damien Deparis dispose d'une qualité qui devrait achever de le rendre sympathique aux yeux même des sceptiques : tant pis si certains de ses morceaux paraissent encore fragiles, il y a chez lui une vraie faculté à déballer ses émotions, à provoquer le frisson, à s'autoriser les sautes d'humeur et à poser un regard sur l'état du monde. Le sien. Comme dans ces albums de Diabologum que trop peu de gens écoutent encore.

    Sur scène, cette énergie est tout simplement bouillonnante. Demain Rapides a beau avoir l'air décontenancé, quelque chose d'un ado que l'on sort du réveil, son charisme se révèle précieux, fascinant même pour un artiste encore "en développement". On se dit alors que le Nordiste est voué à séduire au-delà de son cercle initial, que ses morceaux incarnent une réalité, voire même qu'il est tout simplement le genre de type à qui on n'impose rien, que l'on veut suivre. Ça tombe bien, Demain Rapides ne rêve que de ça : d'une virée sauvage, avec un public toujours plus large pour l'écouter sur la Plage arrière.

    Crédits photo : Nicolas Djavanshir.

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