Pour pré-écouter le prochain album de Damien Saez, il faudra payer 100 euros

L'idée ? Prendre le temps d'écouter pendant plus de 3 heures, et dans les meilleures conditions possibles, l'entièreté de son prochain triple album, « Apocalypse ». Le problème, au-delà du tarif, c'est le texte qui accompagne ce projet, où le Français se compare à Mozart, se présente en « tailleur de mots » et, mine de rien, prend ses fans en otage.
  • À la manière de Kanye West, du Minitel et de ceux qui suivent encore le compte « Vie de merde » sur Facebook, Saez ne semble plus appartenir à notre époque. Ou du moins, il se sent lui-même en totale décalage avec l'évolution de l'industrie musicale, ses albums fast-food et sa course aux streams, profondément éloignée de ce que lui cherche à créer : de l'art, profond, sincère et « messinesque ».

    On exagère ? Même pas ! Dans un texte publié sur son site internet, celui qui voulait qu'on baise sur sa tombe annonce un nouveau triple album (« Apocalypse ») qui refuse le « nivellement par le bas du bas » :

    « Nous ne sommes pas McDonald's, nous sommes le 4 étoiles Michelin à la saveur du plat mijoté Grand-Mère. Nous ne sommes pas ‘made in l’enfant esclave’, nous sommes la petite couturière française ».

    Pour accéder à un tel artisanat, à un tel déluge de saveurs, Saez a eu l'idée de proposer à ses fans une séance d'écoute « pay per listen ». Soit « une véritable diffusion audio, pas une liste de pistes sur lesquelles on fait play ou pause. Une véritable écoute ininterrompue d’un voyage de trois heures ».

    Dans le fond, la démarche n'est ni inédite, ni insensée. Pas plus, en tout cas, que So La Lune qui vend des bouts de ses morceaux en NFT, Snoop Dogg proposant des concerts « meet and greet » à plusieurs centaines de dollars ou AC/DC collaborant avec Monopoly. Le problème, c'est le prix (100 euros), et la prétention dont fait preuve Saez au moment de justifier un tel tarif :

    « Pourquoi 100 euros ? Parce qu’écriture chaque jour de ma vie. Parce que 2 ans de studio. Parce que chaque salaire de chaque musicien et de chaque technicien… Parce que : Qui a décrété que Mozart était au même prix que les bruits des Bonobos ? ».

    Plus loin, le Français prétend que « la séance d'écoute n’aura lieu qu’à partir du moment où le nombre de personnes inscrites correspondra au coût de la production du disque ». Une façon de prendre en otage ses premiers auditeurs, de les narguer à la manière de ces ânes que l'on fait avancer avec une carotte au-dessus de la tête ? C’est l’idée, c’est très étrange, et cela semble être le dernier coup de folie d’un homme qui chantait pourtant vouloir fuir « ceux qui sont en laisse ».

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