Pourquoi les meilleurs albums de MC Solaar ne seront jamais dispos en streaming

Si vous cherchez "Qui sème le vent récolte le tempo" ou "Prose combat" sur Spotify ou Deezer, vous ne trouverez rien. Ces deux albums, pourtant vendus à plus d’un million d’exemplaires au total, ont été retirés des ventes en 2000 et ne sont jamais revenus depuis. Comment expliquer leur disparition ? Démêlage d’un conflit vieux de 20 ans entre MC Solaar et son ancienne maison de disques.

MC Solaar est l'un des tout premiers rappeurs français, le fait est indiscutable, posé. Lorsque la maison de disques Polydor lui offre un contrat de quatre albums en 1991, elle mise donc gros. Loin de l’imagerie gangster de ses homologues américains, Claude MC sort du lot avec son tube Bouge de là. Et il confirme immédiatement les attentes placées en lui.

C’est après son deuxième album, "Prose Combat", que la carrière de MC Solaar décolle pour de vrai. Trois Victoires de la musique plus tard, il décide de prendre un tournant radical ; il se sépare de Jimmy Jay, son producteur et ami de longue date. En plus de ce divorce, Solaar n’a pas l’impression de toucher assez d’argent par rapport au nombre de disques qu’il vend. Il veut donc mettre fin à son contrat avec Polydor en sortant ses deux prochains albums d’un seul coup d’un seul. Évidemment, ça ne s’est pas vraiment passé comme prévu.

MC Solaar demande alors un entretien avec sa maison de disques et son directeur de l’époque, Pascal Nègre. La proposition est claire : il veut sortir un double album. Naturellement, Polydor refuse. Les deux partis trouvent finalement un terrain d’entente pour sortir ces deux albums à trois mois d’intervalle.

"Paradisiaque" sort le 17 juin 1997. Et donc, trois mois après, sort… Rien. Ni une ni deux, Solaar saisit les prud’hommes, car "la maison de disques n’a pas respecté ses engagements". Finalement, ils sortiront "MC Solaar" le 21 juillet 1998, au beau milieu de l’été, sans promotion. Ce qui n’a pas plu à Daniel Margules, manager du rappeur : "[L’album] devait sortir, il est sorti, avec un an de retard. C'est le dernier que MC Solaar devait à Polydor, et le fait qu'il n'ait pas bénéficié de la promotion nécessaire est uniquement imputable à Polydor."

Les ventes de Solaar chutent sacrément mais suite à cette sortie, il est enfin libre. Il en profite pour directement rebondir en sortant “Le Tour De La Question”, best-of de ses morceaux en live.

C’est en 2000 que MC Solaar casse son contrat et qu’il demande que sa musique soit retirée des ventes. Quatre ans plus tard, il remporte enfin son procès contre Universal, dont fait partie Polydor. Le label est condamné à cesser toute exploitation des enregistrements de Solaar. Ce dernier récupère les droits de sa musique et la maison de disque lui doit 20 000 euros. Malheureusement, c’est Universal qui conserve les bandes des quatre premiers albums du rappeur. Solaar aurait pu tenter de racheter ces bandes mais, selon Pascal Nègre, il n’a jamais cherché à les récupérer. C’est dans une interview pour On n’est pas couché, treize ans après la fin du procès, que MC Solaar revient sur cette histoire. Il explique avoir passé un cap après l’an 2000 : il ne voulait pas revenir en arrière.

Le chanteur de Villeneuve-Saint-Georges a su rebondir après Polydor, jusqu’à maintenant. Son dernier album en date "Géopoétique" s’est écoulé à 23 800 exemplaires en seulement une semaine et lui au moins, il est bel et bien présent sur les plateformes de streaming.

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