Pourquoi la pochette du “White Album” des Beatles est-elle toute blanche ?

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il y a bien un artiste derrière la pochette de ce disque. Elle a même toute une histoire qui prouve qu’il s’agit probablement de la meilleure cover des Fab Four.
  • En réalité, “White Album” n’est pas le nom du neuvième disque des Beatles. Si on tape “White Album” sur Spotify ou une autre plateforme de streaming, on tombe directement sur “The Beatles”, son véritable titre. En somme, ce sont les fans qui ont choisi le nom du disque. Et s’ils ont fait ce choix, c’est par rapport à la pochette de l’album composée uniquement d’un gros carré blanc.

    À cette époque, les Fab Four ne se fient qu’à une seule personne concernant le design de leurs albums : Robert Fraser. Le galeriste anglais est alors une référence en matière d’art. Il travaille étroitement avec les Beatles, notamment en leur conseillant d’aller voir Peter Blake et Jann Haworth pour se charger de la pochette culte et colorée de “Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band”. Pour l’album suivant, Fraser recommande au groupe de contacter un certain Richard Hamilton, graphiste et peinte britannique. Tout d’un coup, le changement de visuel est radical. Plus de titre à rallonge : ce disque s’intitulera “The Beatles”. Pour la couverture, c’est le même processus : fini les multiples couleurs et éléments de la cover précédente, cette fois-ci, il n’y aura plus rien. Juste un simple carré blanc. 

    Dans le documentaire “Beyond Time : William Turnbull”, Richard Hamilton revient sur le fameux artwork du “White Album”. Il explique alors qu’il a construit cette cover en opposition à “Sgt. Pepper”. Il voulait qu’il n’y ait plus rien et les Beatles l’ont suivi dans son drôle de concept. C’est donc en partant de ce postulat que la pochette blanche est née. L’idée originale d’Hamilton ne s’arrête pas là. Pour ne pas trop frustrer les nombreux fans du groupe, plusieurs posters ont été placés à l’intérieur du vinyle à sa sortie - histoire d’avoir quand même une image représentant les quatre garçons de Liverpool.

    L’artwork de “The Beatles” a un poil évolué avec le temps, le rendant encore plus singulier.

    Aujourd’hui, la couverture du disque affiche le nom du groupe en gris sur sa partie droite, mais dans les premiers tirages, ces mots étaient écrits blanc sur blanc, en relief. Au grand dam de Richard Hamilton qui ne voulait absolument rien sur la pochette. D’autre part, on ne sortait pas le vinyle sur le côté comme maintenant, mais par le haut de la celle-ci. Autre fait marquant : les deux premiers millions d’albums ont été numérotés un par un, une nouvelle idée de Richard Hamilton. Par contre, pour les trois millions qui ont suivi, plus de numéro de série (la tâche devenant trop ardue). Cette stratégie novatrice a permis de rendre un album avec une cover quelconque, complètement unique. Les tirages 1, 2, 3 et 4 ont été remis aux Beatles en personne. Ringo Starr a revendu sa copie aux enchères en 2015 pour la modique somme de 790 000 dollars… Faisant de ce disque le plus cher jamais vendu à l’époque.

    L’influence de l’artwork de “The Beatles” est incontestable. Par exemple, le groupe Weezer a sorti son album éponyme en 2016, aussi appelé “The White Album”. La couverture n’est pas toute blanche, mais on se doute que l’inspiration du groupe de rock américain provient des Beatles. De son côté, pour son deuxième disque “Xeu”, Vald a fait le choix de sortir une pochette neutre, similaire à celle des Fab Four. De l’autre côté de l’atlantique, l’inarrêtable Kanye West a balancé un carré noir pour illustrer “Donda”. Des références au groupe anglais ? Pas sûr. Mais si, aujourd’hui, ces rappeurs peuvent se permettre de sortir de telles pochettes, c'est parce que la voie a été pavée par quatre mecs de Liverpool, cinquante ans plus tôt. Merci les gars.