Oui, « MTV Unplugged » était bien plus qu’une émission musicale

  • « MTV Unplugged » incarne les années 1990 jusqu’à la caricature. Alors qu’elle revient à l’antenne ces jours-ci, retour sur ce qui lui a permis de marquer toute une génération. D’artistes ou de simples auditeurs.

    It’s not TV, it’s MTV. En 1989, MTV débarque avec un concept d’émission musicale très simple : faire venir les artistes de la scène pop internationale et leur permettre de jouer quelques morceaux (des tubes, des inédits, des reprises) avec des instruments débranchés. Le nom, basique lui aussi : MTV Unplugged, un concept inspiré par la performance de Bon Jovi aux MTV Video Music Awards de 1989 et illico couronné de succès. « C’est une idée très simple, et c’est pourquoi beaucoup de gens ont accroché », fanfaronne d’ailleurs dans une interview à The Ringer Jim Burns, l’un des deux producteurs.

    Un show (dé)branché. Mais MTV Unplugged ne serait finalement rien d’autre qu’une version américaine de Taratata si elle n’avait pas donné naissance à des moments et à des albums désormais inscrits au panthéon pop. C’est une Mariah Carey de 22 ans qui, en 1992, fait taire les critiques et accède au statut de diva, deux ans après ses débuts : « J’ai l’impression que ça m’a aidé dans ma carrière… C’était presque mon premier concert. »

    C’est aussi un LL Cool J torse nu qui fait pogoter le public avec Mama Said Knock You Out. C’est une Lauryn Hill sans filet et plus proche que jamais de la folk qui, en juillet 2001, livre des textes hyper intimes sur la religion et l’amour. C’est Eric Clapton qui trouve une seconde jeunesse en interprétant Layla et en remportant trois Grammy Awards avec l’album né de cette performance dans un studio de Londres (« Unplugged »).

    « C’était une mine d’or, et une excellente façon d’offrir une seconde jeunesse au catalogue d’un artiste. » (Alex Coletti)

    Confessions intimes. « Une fois que nous avons vendu quelques exemplaires de nos performances, les labels se sont dits : « MTV paye pour ça, ils vont le diffuser 24h sur 24h, c’est une publicité gratuite pour un album qui nous a coûté zéro dollar, laissons tous nos artistes faire ça. » C’était une mine d’or, et une excellente façon d’offrir une seconde jeunesse au catalogue d’un artiste. » Dans une interview à The Ringer, le producteur Alex Coletti dit vrai. Mais omet un détail : MTV Unplugged, c’est aussi l’occasion pour les stars de l’époque de se montrer sans artifice, à l’état pur. À l’image de Kurt Cobain qui n’interprète ni Smell Like Teen Spirit ni Heart-Shaped Box, mais se lance dans des covers saisissantes de David Bowie, des Meat Puppets ou de Leadbelly.

    Effet nostalgie. C’était en novembre 1993, quelques mois avant la mort du leader de Nirvana, et c’est à coup sûr l’un des grands moments d’une émission qui n’a jamais cessé d’exister depuis le début du 21ème siècle. En 2009, le producteur Matthew C. Mills a même tenté de relancer le concept à travers six épisodes centrés sur les figures d’une génération : Vampire Weekend, Adele ou encore Katy Perry. Un principe repris depuis le 8 septembre dernier, avec Shawn Mendes en invité, pour une saison qui promet « une programmation éclectique de superstars et d’artistes de la scène pop internationale ».

    Seulement, MTV peut-elle continuer de surfer sur la réputation de son émission phare alors que la majorité de ses spectateurs actuels n’étaient pas nés lors de sa création et que les albums estampillés « Unplugged » trainent aujourd’hui dans la discothèque de leurs parents ? Rassurons-nous : s’ils ont réussi à faire six saisons avec un rappeur retapant de vieilles voitures, ils sont largement capables de réussir ce pari.

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