Pourquoi tout le monde déteste Bono ?

  • Des deals de millionnaires avec Apple, des tournées mondiales dans les stades, une tendance à se prendre pour Dieu, une accusation dans le cadre des Paradise Papers : le chanteur de U2 donne pourtant toutes les raisons pour se faire aimer.

    Accusé, levez-vous ! Depuis quelques années, chaque intervention publique de Bono (sur l’environnement, sur la misère en Afrique, etc.) paraît aussi vrai qu’un discours de politicien sur la vie en cité. Alors, quand le chanteur de U2 tente de se justifier quant à son investissement dans un centre commercial en Lituanie via une société maltaise, forcément, ça sonne faux. Il a beau se dire « totalement écœuré si même en tant qu’investisseur minoritaire et passif […] son nom a pu être mêlé à quelque chose d’un tant soit peu illégal » et affirmer « qu’il avait obtenu l’assurance de la part des dirigeants de l’entreprise que celle-ci respectait totalement ses obligations fiscales », Bono est aujourd’hui au centre des accusations. Une nouvelle fois.

    « U2, c’est de la merde. »

    Killing Bono. Voici que ce disait clairement le film de Nick Hamm en 2011, qui mettait alors le doigt sur un fantasme mondial : après tout, qui n’a jamais eu envie de s’en prendre physiquement à celui qui doit son pseudo à une boutique de Dublin vendant des appareils pour malentendants ? Même en Irlande, Bono semble susciter de la haine une fois sorti du stade qu’il remplit (assez vite, il faut bien l’avouer) et au sein duquel il tente de ringardiser Dieu en lâchant des prêches à chaque transition entre deux morceaux — un comble quand on sait que des Irlandais affichent à leur fenêtre des petits mots d’amour à son égard (« U2, c’est de la merde » étant le plus poétique) et que le mec reverse une partie des revenus générés en concert à une société offshore aux Pays-Bas pour alléger sa feuille d’impôts. On a connu procédé plus biblique.

    Crise d’ego. En clair, les limites de Bono sont celles d’un bon élève, appliqué, propre et sûr de lui, mais qui finit tôt ou tard par se faire surprendre en train de magouiller avec les profs. Un peu comme lorsqu’il passe un deal avec les gars d’Apple pour l’injection automatique de « Songs Of Innocence » dans les iTunes du monde entier. Personne n’avait rien demandé et tout le monde s’est donc retrouvé avec le sentiment d’avoir été légèrement abusé. Même Bono a reconnu s’être « laissé emporter par une hausse de mégalomanie ». Un peu comme lorsqu’il tourne une pub Louis Vuitton en Afrique, lui l’humaniste. Un peu à l’image des derniers albums de son groupe, aptes à faire passer Sting et Phil Collins pour des avant-gardistes.

    Il est là le problème, finalement : dans le fait que, depuis le milieu des années 1990, U2 ne publie plus que des albums remplis de mélodies aussi grosses que la tête de son chanteur — et le dernier feat avec Kendrick Lamar n’inverse pas la donne. À ceci près que ces chansons, elles, ne paradent pas auprès des puissants de ce monde avec des lunettes noires teintées sur la tête.

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