2022 M10 31
On peut reprocher beaucoup de choses à Bono, mais apparemment pas d’être un mauvais client en interview. Après avoir révélé que U2 avait terminé environ 20 nouveaux morceaux, il n’a pas pu résister à l’envie d’en faire écouter une à son intervieweur du New York Times, David Marchese, à travers son… téléphone.
Mais le meilleur est à venir, car le chanteur désormais sexagénaire a ensuite avoué que le successeur de l’album Songs of Experience (2017) ne serait pas le Songs of Ascent qui était prévu, mais « un album de rock’n’roll ».
« En ce moment, je veux écrire le morceau rock’n’roll le plus implacable, énervant, provocant et fuck-off aux charts de la pop de la carrière du groupe. (...) Un album à guitares, bruyant, sans concession et excessif. »
Un peu plus loin dans l’interview, Bono explique la raison de ce revirement musical soudain, en réalisant au passage sa petite autocritique. Il explique d’abord avoir « souhaité parler aux charts de la pop sur les deux derniers albums [Songs of Innocence en 2014 et Songs of Expérience en 2017, ndlr] et avoir échoué », avant d’affirmer que sur leur prédécesseur, No Line on the Horizon (2009), « le virus du rock progressif s’était installé. »
« On fait tous des erreurs. Le virus du rock progressif a débarqué, et on avait besoin d’un vaccin. La discipline de notre songwriting, ce qui caractérisait U2 – des mélodies de haut niveau, des idées claires – avait disparu. »
Après ce grand moment de modestie déguisé en introspection, Bono fait une révélation des plus surprenantes pour un groupe de ce calibre :
« J’ai dit au groupe, ce n’est pas notre marque de fabrique, et on ne peut faire des choses expérimentales que si l'on maîtrise le songwriting. Donc on a pris des cours d'écriture et on est revenus au niveau ! Sur ces deux albums, « Songs of Innocence » et « Experience », notre songwriting est revenu. Maintenant, on doit retrouver la puissance du rock’n’roll. »
Reste à savoir qui va aider U2 à réaliser cet album de gros rock qui tâche. Mais Bono a évidemment déjà sa petite idée sur la question.
« Je ne sais pas qui va produire notre putain d’album de rock’n’roll. On voudrait presque du AC/DC, on voudrait Mutt Lange. La vision. La discipline. La discipline du songwriting. C’est ça qu’on veut. »
Le producteur de tous les poids lourds du hard rock, d’AC/DC à Def Leppard en passant par Muse et Foreigner, acceptera-t-il de donner vie au successeur de All That You Can’t Leave Behind (2000) et How to Dismantle an Atomic Bomb (2004), les deux dernières grosses productions rock de U2 ? Réponse au prochain épisode.