Mick Jagger et la jet set : une histoire d'amour qui dure depuis 50 ans

Photographié en compagnie de Gérard Larcher lors du dîner donné à Versailles en l'honneur de Charles III, le chanteur des Rolling Stones est un grand habitué des réceptions mondaines. Retour sur plus d'un demi-siècle de passion de Mick Jagger pour la jet set, très loin du "Street Fighting Man" de "Beggars Banquet".
Alexis Lebrun

2023 M09 25

    • Contrairement à ce que l'on lit souvent, Mick Jagger n'est pas tout à fait né avec une cuillère en argent dans la bouche. C'est un enfant de la classe moyenne, mais qui acquiert vite le sens des affaires qui fera sa réputation, puisqu'il étudie à la London School of Economics, ce qui équivaut grosso modo à HEC chez nous.

    Et s'il prouve dès ses débuts avec les Stones que les valeurs traditionnelles de l'anglicanisme ne sont pas sa tasse de thé, il est très vite fasciné par l'aristocratie et rêve de s'élever dans la hiérarchie sociale britannique. Selon son ami et chargé de com Keith Altham, "Mick a toujours voulu être l'un d'entre eux, il a aspiré à être un aristo dès le début".

    La popularité du groupe va lui en donner l'occasion. En septembre 1970, il fait la connaissance de Blanca Pérez-Mora Macías à l'afterparty d'un concert des Stones, et cette rencontre donne le coup d'envoi réel de son intérêt pour la jet set. Car sa nouvelle compagne officielle est une vraie socialite, une habituée des fêtes mondaines réservées aux célébrités.

    Ensemble, ils en donnent l'exemple le plus éclatant en organisant leur mariage à Saint-Tropez en mai 1971, devant le gratin des rockeurs de l'époque : Paul McCartney, Ringo Starr, Eric Clapton, Stephen Stills… Une cérémonie restée dans les mémoires pour ses trois jours d'excès au palace Byblos et le costume Yves Saint-Laurent blanc de Bianca Jagger, veste à même la poitrine pour supporter la chaleur, et jupe longue pour dissimuler sa grossesse.

    Evidemment, Keith Richards résume mieux que personne cette période du début des années 1970 où les deux leaders du groupe ont pris des directions radicalement opposées : "J'ai commencé à suivre ma route – qui menait à Droguesville – et Mick s'est hissé jusqu'à Jetville."

    Jagger conserve aussi un œil attentif sur le compte en banque en souffrance des Stones, mis à mal par leur contrat avec Allen Klein, et qui fait d'eux des exilés fiscaux. Sa rencontre avec Rupert zu Loewenstein lui permet d'y remédier en lui confiant la gestion financière du groupe. Mais ce prince de l'aristocratie britannique né en Espagne et originaire d'Allemagne est aussi l'occasion pour Jagger de se rapprocher encore davantage de la haute société de son pays.

    Il fréquente notamment la Princesse Margaret, fêtarde invétérée, enfant terrible de la monarchie et sœur de la reine. Ont-ils entretenu une liaison ? Cela n'a jamais été officiellement confirmé, mais la rumeur suffit à entretenir la légende des deux personnalités. On raconte que son altesse royale a dû intervenir à plusieurs reprises pour éviter d'ébruiter des incidents gênants, dont un séjour à l'hôpital de Margaret, causé par une grosse part de space cake servie par Jagger…

    En parallèle de son intérêt pour les pince-fesses de la monarchie, Mick Jagger continue de fréquenter assidument les soirées débridées de la jet set en compagnie de Bianca – tout en couchant à droite et à gauche en même temps, notamment avec les mannequins Bebe Buell et surtout Jerry Hall –, jusqu'à l'apothéose constituée par l'âge d'or du Studio 54 à New York. Le jour de son anniversaire, Bianca Jagger se retrouve sur le dancefloor sur le dos d'un cheval blanc, car… les années 1970 ?

    Mais à l'approche de la quarantaine, Mick Jagger s'imagine désormais en châtelain. Quand il ne passe pas ses vacances dans sa maison voisine de celle de Margaret sur l'île Moustique (celle des milliardaires), il se rend désormais dans le château de Fourchette en France, dont il a fait l'acquisition en 1980.

    Et il se sent comme un poisson dans l'eau au milieu des aristocrates français de Touraine qui l'entourent, et dont il apprécie les bonnes manières, comme le raconte un témoignage dans un article du Monde :

    « "Mick aime la gentry", estime un couple d’amis devant leur castel. "Il apprécie les gens bien élevés, d’un certain niveau d’éducation, qui ont le goût des vieilles pierres et la même approche de la Touraine que lui. Ce n’est pas du snobisme, non. Il se comporte en châtelain. Il aime discuter avec les gens qui ne réagissent pas en fan face à lui. Il a horreur de ça et il peut devenir glacial." »

    Des bonnes manières qui ne font pas illusion auprès de la reine, qui a refusé pendant des années la demande de Tony Blair d'anoblir Mick Jagger, car – outre ses frasques de rockstar – elle considérait qu'il avait utilisé sa sœur pour gravir les échelons de la haute société.

    La monarchie finira néanmoins par céder en 2003, mais la reine se fera porter pâle pour la cérémonie, préférant refiler le bébé au Prince Charles. Bien sûr, cet anoblissement par l'establishment ne sera pas du goût de Keith Richards, qui comme David Bowie et bien d'autres stars du rock a toujours refusé d'accepter cet "honneur".

    Mais Mick Jagger n'a jamais été le Street Fighting Man des Rolling Stones, et il n'a pas attendu de fêter ses 80 ans cette année pour préférer un banquet versaillais à un "Beggars Banquet".

    Crédit photo : Facebook officiel Mick Jagger.

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