Grosse satisfaction : les Stones débarquent dans une série docu inédite sur CANAL+

Pour le soixantième anniversaire de la naissance du groupe, la BBC a réuni devant la caméra les trois membres restants afin d’évoquer leurs souvenirs sur l’odyssée la plus célèbre de l’histoire du rock. Résultat ? "Comme un Rolling Stone", un long voyage de quatre heures qui permet de les connaître plus intimement et de verser une petite larme à la mémoire de Charlie Watts.
  • Comment les Stones font-ils pour continuer à remplir des stades alors que leurs deux membres les plus importants deviendront octogénaires l’année prochaine ? Pour tenter de comprendre la recette de ce succès et de cette longévité, la BBC a pu compter sur les premiers concernés afin que chacun livre sa vision du groupe et de son histoire à rebondissements.

    Et la bonne nouvelle, c’est qu’ils ont tous beaucoup de temps pour le faire, puisque chaque membre survivant des Stones a droit à son propre épisode d’une heure. Un format qui permet à cette série documentaire de se distinguer des films déjà réalisés sur le groupe, et qui tombent trop souvent dans les clichés selon Mick Jagger, qui – surprise ! – est le premier à s’exprimer face à la caméra.

    Charlie Watts ayant passé l’arme à gauche avant de pouvoir être interviewé, ses trois anciens compères témoignent à sa place et lui rendent hommage par la même occasion, ce qui donne sans doute l’épisode le plus intéressant du lot. Car outre l’émotion qui transparaît à l’évocation de l’ancien batteur des Stones, on en apprend pas mal sur la personnalité notoirement discrète de Charlie Watts.

    Ron Wood n’a pas la même réputation, mais il bénéficie autant de ce format qui lui consacre un épisode entier pour enfin comprendre le rôle qu’il a joué dans le groupe depuis son arrivée en 1975, en remplacement d’un guitariste qu’il n’a jamais réussi à faire oublier (Mick Taylor).

    Et spoiler alert : sans sa présence pour faire le pont entre Mick Jagger et Keith Richards au plus fort des tensions, les Stones n’existeraient peut-être déjà plus depuis longtemps, même si les propres problèmes de Wood avec la drogue ne sont pas cachés non plus. Cela lui a toujours fait un point commun avec son grand copain Keith Richards, qui revient lui sur ses années défonce avec une gravité qu’on ne lui connaissait pas.

    Les embrouilles légendaires entre les deux « Glimmer Twins » sont évoquées pudiquement par tout le monde, à commencer par beaucoup de membres de l’entourage proche du groupe, qui témoignent – uniquement en voix off pour laisser la place aux très nombreuses images d’archives – sur le rôle de chacun dans la réussite et les difficultés des Stones.

    Et même si le documentaire démonte les clichés véhiculés par les films passés avant, il ne peut pas pour autant réécrire l’histoire. Les deux épisodes centrés sur Mick Jagger et Keith Richards confirment les rôles attribués à chacun dans la grande machine des Stones, où le chanteur apparaît comme le calculateur rationnel et le guitariste comme le gentil trublion timide, d’autant que le premier a une parole beaucoup plus contrôlée que le second dans les différents épisodes.

    Beaucoup d’eau – et pas que – a évidemment coulé sous les ponts depuis leur rencontre en 1961 dans la gare de Dartford, un épisode célèbre évoqué comme bien d’autres par le duo – Altamont, la mort de Brian Jones, etc. – et accompagné par quelques confessions touchantes, comme un hommage appuyé à l’importance des Beatles dans la carrière du groupe.

    Ces petits moments de vérité en tête à tête avec la caméra constituent les meilleurs moments de ces quatre heures, comme lorsque Jagger et Richards se rendent mutuellement hommage – les interviews sont enregistrées séparément. Et parfois, quand Keith Richards joue avec sa première guitare offerte par son grand-père, évoque sa science du riff ou dévoile le secret du son de son instrument sur Gimme Shelter et d’autres classiques – cinq cordes et un accordage spécial en open tuning –, la magie opère.

    Après avoir entendu au fil des quatre épisodes la narratrice Sienna Miller et une ribambelle de stars de la musique – Tina Turner, Chrissie Hynde, Slash, Lars Ulrich, Bon Jovii, Tom Waits, Brian Johnson et Rod Stewart pour n’en citer que quelques-uns – chanter les louanges des Stones, on comprend mieux aussi le pouvoir d’attraction qu’ils continuent d’exercer et pourquoi des centaines de milliers de fans se pressent encore dans les stades pour voir sur scène le plus grand groupe de rock du monde avant qu’il ne soit trop tard.

    I know, it's only rock 'n' roll but I like it, like it, yes, I do.

    Comme un Rolling Stone, une série documentaire en quatre épisodes disponible sur CANAL+.

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