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Avant d’arriver aux années 1950 et au point culminant de l’histoire du terme « tube », retour à la fin du XIXème siècle, époque où le CD et même le vinyle n’existent pas encore. Mais alors, comment le monde pouvait bien écouter de la musique ? C’est Thomas Edison qui a lancé pour la première fois le phonographe ; l’inventeur américain s’est mis à enregistrer des sons à l’aide d'une feuille d'étain enveloppant un cylindre. Les chansons de l’époque étaient donc sauvegardées dans un tube, ce qui n’a pas échappé à Boris Vian quand il a commencé à travailler dans l’industrie musicale.
C'est en 1900 que Edison commence à commercialiser le cylindre phonographique (ancêtre du vinyl). pic.twitter.com/TUR9EJrTQz
— Le Motif (@levraimotif) October 16, 2017
En 1955, Vian commence à travailler pour la maison de disque Philips. Le label a des exigences précises en matière de chansons et décide de faire de l’écrivain leur directeur artistique. À l’époque, un morceau à succès est alors appelé saucisson en référence aux nombres de vinyles écoulés, comme des rondelles de sauciflard. Mais pour Boris Vian, ces titres mainstreams ne sont pas de la vraie musique. Il va donc faire référence à l'ancêtre du disque, le phonographe et son cylindre rotatif, en les appelant tubes… Et aussi parce qu’il considère ces chansons vides et futiles, comme des tubes.
Vian va aller encore plus loin en se moquant de ces morceaux qu’il trouve trop simples en écrivant un titre pour son ami Henri Salvador intitulé… Le Tube. Dans ce titre, le Guyanais raconte la recette des hits de l’époque. C’est donc en voulant détruire les « tubes » de son temps que le parolier en a inventé la définition. Pire encore, ce terme peut aujourd’hui être utilisé de manière positive pour parler d’un morceau apprécié de tous. Boris Vian peut se retourner dans sa tombe et cracher dessus.
Dans la langue anglaise, un « tube » se traduit par hit. Si l’on regarde sa définition dans le dictionnaire, on trouve : “le fait de frapper ou d'être frappé.” Même si un très bon morceau peut nous mettre une gifle, c’est tout de même un mot plutôt violent pour parler d’une chanson. Il y a une explication logique à tout ça. Durant une longue période, hit pouvait signifier tout et n’importe quoi en rapport avec la violence. Mais au début du XIXème siècle, le Oxford English Dictionary lui trouve une nouvelle signification : “Un coup réussi dans une action ou une performance de toute sorte ; en particulier, tout succès populaire (une personne, une pièce de théâtre, une chanson, etc.) dans un divertissement public ”. Il faudra attendre encore un siècle pour voir le terme de hit-parade apparaître dans le vocabulaire anglophone.
Aujourd'hui, le terme hit dispose de nouveaux synonymes, comme banger. De son côté, le « tube » semble indétrônable en France. Conclusion : tant qu’il y aura de la musique, il y aura des tubes.