Mais au fait, d’où ça vient le mot “rock’n’roll” ?

Tout comme le genre qui en découle, le terme de “rock’n’roll” a une histoire dantesque. Ses différentes définitions sont toutes plus éloignées les unes que les autres. Elles sont passées par les océans, les clubs et surtout les chambres des Américains fêtards du début du siècle dernier. Décryptage.
  • Avant d’être associé à un genre musical, le terme rock’n’roll est né sur les océans il y a près de 500 ans. Au XVIIème siècle, l’expression rocking and rolling devient très populaire chez les marins anglophones. Elle signifie que leur bateau tangue intensément, se déplaçant d’avant en arrière et de droite à gauche, une utilisation du terme qui est toujours présente dans le langage courant. Petit à petit, les matelots se mettent à utiliser cette tournure de phrases pour parler de tout et n’importe quoi. Par exemple, si quelqu’un berce un bébé, on peut dire qu’il est en train de rocking and rolling, comme un navire ballotté par les flots.

    Le temps passe et l’expression se perd peu à peu, jusqu’au début du XXème siècle. C’est à ce moment que cette formule prend une toute nouvelle tournure ; elle devient le synonyme de faire l’amour. Quand on repense au mouvement d’un bateau sur l’océan, cela prend tout son sens. Les États-Unis sont alors dans une période prospère durant laquelle le jazz et le blues gagnent en popularité sur le reste des genres musicaux. Les Ricains se mettent à se trémousser dans les clubs du pays et ils emploient le fameux rocking and rolling pour parler des danses qu’ils effectuent, en référence directe à leurs mouvements pendant un acte sexuel. Très vite, au cours des années 1920, l’expression se transforme en rock and roll, histoire de faire plus simple.

    La transition vers la danse et le sexe est définitivement marquée avec la première apparition musicale du terme en 1922 et le morceau My Daddy Rocks Me (With One Steady Roll) de Trixie Smith. Les paroles de la chanson sont assez explicites pour que l’on comprenne les activités de prédilection de la chanteuse de Blues : “My man rocks me with one steady roll, there’s no slippin’ when he once takes hold / Mon homme me berce avec un roulement régulier, il n'y a pas de dérapage quand il s'empare de moi.

    À cette époque, on est encore loin du rock’n’roll tel qu’on l’entend aujourd’hui. Mais un homme va tout changer : Alan Freed. Alors DJ à Cleveland, il anime sa première émission de radio en 1951, appelée “Moondog's Rock And Roll Party”. Le disc jockey passe les morceaux les plus dansants possible et il décide donc de reprendre l’expression entre danse et sexe alors connue de tous. Ces chansons diffusées sur la WJW ne ressemblent pas encore au rock de Little Richard, des Stones ou de Johnny Hallyday, mais ils s’en rapprochent dangereusement.

    Il faut savoir qu’Alan Freed est un homme blanc qui joue principalement de la musique noire. Le DJ fait très vite le pont entre les deux communautés bien distinctes des États-Unis, notamment en organisant les premiers concerts d’artistes noirs sur le territoire. Il est aussi celui qui a introduit les prémices du rock’n’roll chez les blancs, permettant ainsi à des artistes comme Elvis Presley de se faire connaître.

    Le rock’n’roll n’est plus le genre principal de la musique aujourd’hui, s’étant fait éclipser par le rap. Un comble quand l’on sait que le mot rock vient à l’origine du vieil Anglais, qui signifie “déplacer, transférer”... Mais ça, c’est une autre histoire.