2020 M03 15
En 1981, suite à la mort de son compère John Bonham un an auparavant, Robert Plant ne veut plus entendre parler de stades remplis de fans qui crient son nom et des dérives du rock. Non, ce qu’il souhaite, c’est jouer du rhythm and blues dans des petits clubs aux lumières tamisées. La mort du batteur, avec qui Plant avait formé un groupe avant Led Zeppelin (Band of Joy), l’a affecté. Il retourne là ou il est né, dans la campagne du Midlands (Worcestershire) et reprend contact avec de vieux amis et des musiciens du coin comme Andy Silvester ou Robbie Blunt.
Ensemble, ils se mettent à jouer du rockabilly et du blues (les premiers amours de Robert) en reprenant des classiques de Gene Vincent, d'Elvis Presley, de Carl Perkins ou encore de Muddy Waters. Ils se produisent dans des universités, des clubs, des cafés et des pubs, bien souvent sans promotion, juste pour le plaisir de jouer.
Entre-temps, en 1982, Robert sort son premier album solo « Pictures At Eleven » et gère comme il a envie sa vie post-Led Zep. Sauf qu’un requin, le président d’Atlantic Records, Ahmet Ertegün, a une idée en tête : il voudrait que Plant fasse un disque de reprises de classiques des années 1950. Le chanteur a carte blanche, alors il passe quelques coups de fil et recrute son ancien collègue Jimmy Page, Jeff Beck, Nile Rodgers (Chic), le pianiste Paul Shaffer ou encore le bassiste Wayne Pedzwater (qui a collaboré avec John Lennon, Michael Jackson, Simon & Garfunkel, etc.). Le casting est quand même incroyable.
Mais le disque, intitulé « The Honeydrippers: Volume One » (spoiler : il n’y aura pas de volume 2), l’est beaucoup moins. Deux reprises, Sea of Love (de Phil Phillips) et Rockin’ at Midnight (de Roy Brown), portent à bout de bras cet EP et la notoriété des musiciens fait le reste. Ils se produisent même durant le Saturday Night Live aux USA en décembre 1984. Mais l’aventure s’arrête là, avec seulement un seul disque d'enregistré.
Quelques mois plus tard, Plant relancera la machine Led Zeppelin pour le Live Aid avec Phil Collins à la batterie, et ce sans répéter. Pas la meilleure idée au monde, comme on le raconte ici. Bref, en 2006, après la prestation de Plant au festival de Montreux en Suisse en l’honneur d’Ahmet Ertegün, les deux avaient discuté de l’éventualité d’un come-back des Honeydrippers puisque l'ancien chanteur de Led Zeppelin était monté sur scène avec un certain... Nile Rodgers. La mort de l’ancien président en décembre de la même année a mis fin à toute éventualité de reformation. Et c’est peut-être pas plus mal.