2022 M12 18
C’est ce qu’on appelle avoir un authentique coup de foudre. Lorsqu’il était jeune, Tony Cicoria n’en avait que faire de la musique. À cet âge, il passait le plus clair de son temps dehors, dans la nature que son État de New York pouvait lui offrir. Et même si sa mère le poussait à s’asseoir devant un piano, ce n’était pas l’amour fou et il glissait vite à autre chose.
Une fois adulte, il embrasse une carrière de chirurgien orthopédique puis fonde une famille. Tout roule dans le meilleur des mondes, jusqu’à ce barbecue dominical organisé en 1994 malgré un temps capricieux. Saisi d’une envie pressante d’appeler sa génitrice, il se dirige dans une cabine, et d’un coup… bim, un éclair frappe la ligne. Tony est touché en plein visage. Il perd connaissance. À son réveil, s’il ne le sait pas encore, il n’est plus le même homme. Il faut attendre une dizaine d’années pour que ce nouveau lui se manifeste.
Juste après cet accident, Tony Cicoria rentre au bercail avec toute sa tribu. Il se sent brumeux. Un état passager qui va se dissiper au bout de quelques semaines. La vie reprend son cours les années qui suivent, mais un beau jour, quelque chose change radicalement. Lui qui n’avait pas d'accroche particulière à la musique ressent désormais une envie folle d’écouter du classique. Il file donc au magasin du coin et achète un album de Vladimir Ashkenazy, un célèbre pianiste russe acquis à la cause de Chopin. Durant plusieurs jours, le doc ne peut rien faire d’autre que passer ce disque en boucle. Bien vite, il ne se satisfait plus de seulement l’écouter. Tony décide alors de se procurer un piano.
This is a video of Tony Cicoria playing the piano at Mozart's house in Vienna:https://t.co/QoI5sriORv
— The University of Heaven (@DrRaymondMoody) June 5, 2019
Hear Tony talk about hearing music from the heavens and how he incorporated this gift into his life in this year's NDE Summit! https://t.co/2Hj9qoT0xh pic.twitter.com/o0TDmLqUrz
Les débuts sont difficiles. Tony n’est pas très à l’aise avec cet instrument massif qu’il ne maîtrise pas. Malgré tout, l'Américain reste persuadé que c’est avec lui que son destin va s’écrire. Encore plus après avoir traversé cette nuit si spéciale, dont il se souvenait dans les colones de Vice :
« J’ai fait un rêve incroyable : je me regardais performer sur une scène, depuis les coulisses. Seulement, je ne jouais pas la musique de quelqu’un d’autre. J’interprétais ma propre composition. Puis un grand fracas m’a réveillé. »
Ni une ni deux, Tony Cicoria court à son piano. Il essaye tant bien que mal de reproduire les mélodies de son songe, mais par manque de capacités techniques, n’y arrive malheureusement pas. Pourtant, ces notes ne cessent de résonner dans sa tête. Elles l’obsèdent à un tel point que, chaque jour, après être rentré du travail, le doc passe un nombre d’heures fou devant son instrument, toujours à chercher les accords dont il a rêvé. Dans la même interview pour Vice, le musicien à en devenir continue son explication :
« J’écrivais une mesure ou une ligne, puis je la rangeais dans un tiroir en me disant que j’y reviendrai. Finalement, un jour, j’ai pris tous ces bouts de papier et j’ai passé les sept mois suivants à écrire la partition du rêve de manière à ce qu’elle puisse être lue par quelqu’un d’autre. Finalement, j’ai appelé ma composition “La sonate de la foudre”, même si selon mes amis musicologues, ce n’est pas une sonate. »
Désormais couchée sur papier en bonne et due forme, cette « Sonate de la foudre » commence à intriguer son petit monde. En 2007, Tony Cicoria reçoit un appel d’Oliver Sacks, l’une des plumes du New Yorker. Le journaliste lui explique vouloir raconter son histoire totalement dingue ; il faut l’avouer. De là, le téléphone du nouveau pianiste s’est mis à frénétiquement sonner. Jusqu’au jour où, à l’autre bout du fil, le directeur du département musical de l’université d’État de New York lui propose de donner un concert au Performing Arts Center. Tony accepte.
Prévu pour janvier 2008, ce show stresse Tony au possible. Sans aucune connaissance des planches, il entreprend une préparation monstre avec une professeure de piano. Il apprend comment entrer sur scène, comment la quitter, comment aborder le tout, comment mémoriser la musique… bref, tout ce qu’il faut savoir. La date butoir approche et certains médias se sont faits passer le mot. À cette occasion, la BBC sera là, tout comme la télévision nationale allemande :
« J’étais absolument terrifié par toutes ces lumières et tous ces gens. Mais j’ai réussi à ne pas m’enfuir — c’est un exploit. Finalement, tout s’est passé comme prévu. La musique était exactement comme dans mon rêve. J’avais enfin joué “La Sonate de la foudre”. »
Quatorze ans après son accident, Tony Cicoria sera donc monté sur scène. Depuis, il continue de temps à autre de se produire en public. Et comme le destin est curieux mais parfois bien fait, dans la vidéo ci-dessous, on peut voir le doc jouer sa composition à Vienne, dans la fameuse Maison de… Mozart.