2022 M10 11
Lorsqu’on parle musique, la plus grande erreur est de croire qu’un artiste est touché par la grâce. Non, les nouveaux morceaux ne naissent pas facilement (sauf chez Jul) ; non, les textes ne sont pas écrits à la lueur d’une bougie, le soir, en tentant d’observer l’horizon par la fenêtre (sauf, peut-être, chez Vincent Delerm !). Orelsan, comme beaucoup, accumule ainsi les idées sur son ordi : des bribes de son, des prises de voix, des brouillons de lyrics, etc. Pendant l’enregistrement de « Civilisation », parait-il qu’il avait plus de 10 000 notes.
On est alors en plein confinement, le Normand envoie des tonnes d’idées à Skread, cumule rapidement une centaine de morceaux, puis connaît le cauchemar de toute personne créative : l’ordinateur bug, les fichiers disparaissent. « En fait, je prends beaucoup de notes tout le temps, c'est comme ça que j'évite la page blanche. Mais j'ai tout perdu », confie-t-il dans un entretien à France Inter.
Aussi égaré qu’une nonne au salon de l’érotisme, en panique totale derrière le sang-froid de rigueur, Orelsan tente alors d’appeler le service assistance d’Apple. En vain : tous ses fichiers sont définitivement perdus. Heureusement, le Caennais a beaucoup trop joué aux jeux vidéo pour ignorer que l’on revient forcément plus fort, plus libre après un échec. Dans la foulée, il file à la papeterie, sort une feuille, attrape un stylo et écrit Manifeste, l’un des titres les plus narratifs et ambitieux de « Civilisation ». Et Clément Cotentin conclut, toujours à France Inter : « Christophe Offenstein, avec qui j'ai réalisé le doc, l'appelle le petit artisan. On voit souvent un grand artiste, ce qu'il est, mais c'est aussi un petit artisan qui aime encore bricoler ».
Pour rappel, la saison 2 de Montre jamais ça à personne débarque le 13 octobre sur Amazon Prime Video.