Le jour où Michael a été espionné par la Stasi pendant un concert à Berlin

Le 19 juin 1988, Bambi se rend dans la capitale allemande pour un concert événement. Pour lui, ce n’est rien qu’un simple show comme les autres. Mais pour les autorités de la République Démocratique Allemande (RDA), c’est une tentative de corruption de la jeunesse. Michael Jackson va alors se faire suivre par les services secrets du pays, pendant que ses fans se font arrêter un à un. C'est parti pour un épisode inédit du Bureau des légendes.
  • Le King de la Pop représentait une terrible menace pour la population de Berlin Est. C’est le journal Bild qui a révélé cette histoire au grand jour à la mort du chanteur en 2009. Un dossier de la police secrète de la RDA (aussi appelé Stasi) datant de 1988 a été envoyé au quotidien allemand. Il révèle les détails de l’espionnage qu’a subi Michael au cours de son passage à Berlin, un an avant la chute du mur. 

    Dans ce rapport de police, on trouve notamment une note qui indique que “les jeunes vont faire tout ce qu'ils peuvent pour vivre ce concert, dans la zone autour de la Porte de Brandebourg. Certains prévoient de profiter de l'occasion pour provoquer une confrontation avec la police.” La venue de l’auteur de Billie Jean est un événement national qui a de quoi retourner les foules, au point que les autorités est-allemandes ont ouvert une enquête sur sa venue. Ils ont voulu suivre ses moindres faits et gestes, mais... ils ont été dupés par un dispositif de la télévision ouest-allemande.

    Avant de monter sur scène, Michael Jackson a tenu à faire un petit tour de Berlin accompagné d’une équipe de télé. Bon, en réalité, il a préféré rester cloitrer dans sa chambre d’hôtel toute la journée. Les médias allemands voulant à tout prix capturer des images du passage de l’ancien Jackson Five en ville, ils ont embauché un sosie.

    Ce dernier s’est donc rendu au Checkpoint Charlie avec des journalistes et une femme inconnue au bataillon “âgée d'environ 25 ans, mesurant 165 cm, à la silhouette mince”, selon la Stasi. Il s’avère que côté Est, personne n’a jamais su qu’il s’agissait d’un faux Michael. Côté Ouest, la supercherie est passée comme une lettre à la poste, bien que les équipes de télévision n’ont pas eu vent d’un quelconque espionnage depuis l’autre versant du mur.

    Le soir du 19 juin 1988, le concert a eu lieu à la porte de brandebourg, juste devant le mur de Berlin. De nombreux jeunes dans la partie est-allemande se retrouvent au pied des remparts pour écouter le King de la Pop chanter. La Stasi n’a pas du tout apprécié cet attroupement, d’autant plus que des équipes de télévision de l’ouest ont filmé ses fans depuis l’autre côté du mur. 

    Pour détourner l’attention des jeunes de l’est, les autorités de la RDA ont organisé à la dernière minute un concert avec James Brown. Bien que le parrain de la soul était déjà une sacrée notoriété, c'était moins que la folie entourant Michael Jackson. Alan Nothnagle, journaliste qui vit alors dans la partie Est de Berlin, a été témoin des incidents avec la police, comme il l’explique dans le livre Rockin’ The Free World!. “Nous avons remarqué des hommes discrets en civil, avachis au coin des rues par groupes de trois, observant les passants.” Une fois réunis, les habitants de la ville se sont mis à scander des slogans contre leur gouvernement : “Les hommes en civil de la Stasi se sont alors animés. Ils ont jeté les jeunes gens à terre et les ont traînés par le col dans des rues secondaires où des fourgons de police les attendaient pour les emmener au quartier général de la Stasi.” Suite à ces événements, près de deux cents arrestations ont été effectuées à Berlin Est.

    Quant à lui, Michael Jackson a pu terminer son concert tranquillement, en toute sécurité dans la partie Ouest de la capitale allemande, sans savoir qu’il était traqué par les services secrets de l’Est.