La funk ne sera plus jamais la même sans George Clinton

En concert ce soir au Casino de Paris, George Clinton effectue sa dernière tournée internationale. D’ici quelques semaines, ce sera l’heure de la retraite pour celui qui, depuis la fin des années 1960, propose une autre idée du funk, plus groovy et moins humain.
  • Visionnaire. En 1975, sur Chocolate City, Parliament imaginait un coup afro-américain à la Maison Blanche et cette chanson dit en grande partie ce que représente George Clinton pour la Great Black Music : un symbole, une référence, un amoureux du studio (plus de 160 personnes ont collaboré de près ou de loin à ses deux projets musicaux, Parliament et Funkadelic), un musicien aussi novateur qu’abondamment samplé par le hip-hop (Dr. Dre et Dâm-Funk, notamment).

    Zinzin de l'espace. Lorsqu’il forme Parliament, George Clinton n’est pourtant qu’un adolescent rêvant de signer sur Motown. Ce sera le cas, mais sans ses comparses, et simplement en tant que compositeur, producteur et arrangeur. Ça lui convient, mais l'Américain a d'autres ambitions, comme de faire sonner le funk comme du rock psyché, de rendre la distinction entre soul et R'n'B impossible.

    Un jour, George Clinton se prend même à rêver : alors qu'il regarde des dessins animés, il a l'idée de créer de véritables personnages à travers sa musique, de prendre le contrepied de la scène musicale de Détroit (alors très rock avec MC5 et The Stooges) avec des tenues excentriques sur scène et des pochettes d’albums qui ne rêvent que d’espace et d’afrofuturisme. Selon lui, c'est le seul moyen de ne pas vieillir, la seule façon de permettre à ses morceaux et à son univers de traverser les époques sans subir le poids des années.

    Figure respectée. Dans les années 1980, Parliament et Funkadelic ralentissent le rythme, plombés par des guerres contractuelles et égotiques, mais George Clinton, lui, poursuit sa révolution sonore auprès d'autres formations (chez les Red Hot et Fishbone, par exemple). Il est l’inventeur du P-Funk et, forcément, on le sollicite. On s’en inspire même, à bien écouter les derniers albums de Childish Gambino, de Kendrick Lamar ou de Thundercat, ouvertement influencés par celui qui, à 76 ans, a toujours su se servir des avancées de son époque (qu’elles soient technologiques ou dans les systèmes de communication) pour proposer de nouveaux schémas musicaux, franchir les barrières raciales et faire danser les foules. "One nation under a groove", qu'il chantait.

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