Mort de Dani : retour sur une carrière en forme de boomerang

Connue tel le loup noir dans la nuit blanche, Dani, chanteuse, comédienne, meneuse de revue et plus si affinités s’est éteinte ce mardi 19 juillet. À 77 ans, elle a succombé à un malaise cardiaque dans sa maison de Tours, et laisse derrière elle une carrière d'inclassable. Portrait.
  • Après avoir atteint des « Horizons dorés » (2020), nom d’un presque dernier album dont elle venait tout juste d’honorer la tournée, Dani, née Danièle Graule à Castres, le 1er octobre 1944, achevait les mixes d’un nouveau disque à paraître au titre aussi malicieux qu'avant-coureur, « Attention départ ». « Nous étions prévenus, elle avait juste oublié de nous dire qu’il serait imminent » s’est exprimé son entourage dans un long et émouvant message sur Facebook. Une déclaration qui fait écho à celle de son manager Lambert Boudier, qui lui, annonçait son décès des « suites d’un malaise » à l’AFP, ce mardi 19 juillet.

    Pendant ses 77 années sur Terre, Dani aura eu presque autant de vies. Des Beaux-Arts à Castel, des méandres de la nuit au salut que la musique lui a apporté, cette icône du Paris by Night aura tout connu. Une artiste totale, aussi bien actrice et chanteuse que meneuse de revue. « Si Dani a inspiré tant d’artistes — photographes, cinéastes, paroliers, compositeurs, metteurs en scène — c’est qu’elle était un souffle de vie puissant, une nature entière, débordante d’amour et d’énergie » peut-on lire dans la même déclaration.

    Débarquée à Paris au début des années 60, la jeune femme de tout juste 20 ans, commence des études aux Beaux-Arts avant de se diriger vers le mannequinat. Rapidement happée par la superbe de la nuit, et très bien entourée, elle se lance dans la musique en pleine période yéyé. Ses premières chansons – Papa vient d’épouser la bonne (1967), une reprise d’un standard des années 30, ou encore Garçon Manqué et Je travaille autant qu’un garçon – étonnent, intriguent. Elles l’amènent dès la décennie suivante à se produire à l’Alcazar aux côtés de Jean-Marie Rivière.

    Dani change une première fois de statut à l’orée des années 70, lorsqu’elle fait ses débuts sur le grand écran. Après de petites apparitions, en 1973, « son ami » François Truffaut lui offre le rôle de Liliane dans La Nuit américaine (1973), long métrage récompensé de l’Oscar du meilleur film étranger. Elle prolonge ce personnage en 1979 dans L’amour en fuite, réalisé par le même Truffaut.

    En parallèle, et de la même manière qu’une de ses concurrentes également disparue il y a peu, Dani était la reine de L’Aventure, night-club branché, jumeau français du mythique Studio 54 de New York, qu’elle avait ouvert grâce au soutien financier d’Alain Delon et d’un homme d’affaires en 1974. Avec cette vie nocturne, faste, l’actrice plonge dans les affres de la drogue. Une période qui se solde en 1987, où, depuis sa maison dans le Vaucluse, elle se confie sur ses addictions dans le livre Drogue la galère.

    Son retour en grâce passe par son premier amour, la musique. Dès 1993, Dani regagne le devant de la scène via The Stranglers, avec qui elle a enregistré l’album « N Comme Never Again » — tout un symbole. Une ultime répétition avant que la chanteuse ne sorte enfin son titre culte, bien aidé par l’un de ses fans de toujours, Étienne Daho. En duo, elle dégaine Comme un Boomerang (2001), un inédit composé par un Gainsbourg au sommet de son art, tombé dans l’oubli pendant presque 25 ans. Depuis ce coup de maître, Dani enchaîne les disques, les collaborations et les images, avec notamment « Tout dépend du contexte » (2003). 

    Un parcours atypique  qui se soldera donc par un dernier album, « dont les chansons ont toutes été écrites par des femmes et les musiques composées par son acolyte, son double artistique, Émilie Marsh », comme cela est précisé dans le communiqué. Un cadeau d’adieu rythmé, encore une fois, de « boums et de bangs ».

    Crédit photo en une : YouTube « Comme un boomerang (duo live avec Dani) »

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