Un poignard, des WC et une censure : l'histoire de la pochette du premier Metallica

En 1983, le hard rock prend un tournant décisif. Alors que Metallica s’apprête à froisser le monde musicalement avec “Kill ‘Em All”, le groupe américain décide d’accorder son image avec sa musique, au grand dam de l’industrie du disque de l’époque.
  • Alors qu’ils n’avaient pas encore sorti de disque, les joyeux lurons de Metallica avaient déjà dans l'idée de choquer leurs auditeurs. Pour ce faire, il faut remonter à la période post-“Kill ‘Em All”, au moment où l’album devait encore s'appeler “Metal Up Your Ass”. Fatalement, la maison de disque a refusé l’idée originale des metalleux. Le groupe a donc dû s'adapter aux exigences du label tout en conservant sa singularité qui a fait sa réussite.

    Lars Ulrich, batteur éminemment important de Metallica, n’a pas gardé sa langue dans sa poche lorsque “Kill ‘Em All” est arrivé dans les bacs. Il dénonce immédiatement la censure dont son groupe a été victime dans une interview accordée à Louder : “Sérieusement, nous avions tout planifié, jusqu'à la pochette que nous voulions. On voulait avoir une main sortant d'une cuvette de toilettes, tenant une machette et dégoulinant de sang. Et les toilettes étaient entourées de barbelés. Ça aurait mis tout le monde mal à l'aise.” Sur ce coup-là, le musicien ne s’est pas trompé.

    Megaforce, le label indépendant de Metallica, affirme ne pas s’être opposé à la cover et au titre “Metal Up Your Ass”. Les vrais fauteurs de troubles seraient en réalité les distributeurs américains qui auraient menacé de ne pas sortir le disque dans les bacs avec une pochette pareille. Un point de vue plutôt compréhensible, surtout qu’en 1983, Metallica n’a pas encore de réelle notoriété. Le groupe est alors au début de sa carrière et il préfère donc se plier aux règles imposées plutôt que de risquer une éventuelle censure. Toutefois, les membres ont gardé cette réprobation en travers de la gorge et ils ne se sont pas privés de se venger auprès des distributeurs.

    Si “Metal Up Your Ass” est devenu “Kill ‘Em All”, c’est pour envoyer un message à ceux qui ont tenté de censurer cet album. Un message certes un peu violent mais qui a le mérite d’être plus que direct. Après s’être mis d’accord sur le nouveau titre du disque, il a fallu trouver une nouvelle idée aussi puissante qu'un poignard qui sort des chiottes. “​​Nous voulions quelque chose qui choque tout le monde, sauf les fans.” certifie Ulrich. 

    Avec un nom d’album comme celui-ci, les membres de Metallica se sont persuadés qu’il fallait beaucoup de sang sur leur nouvelle cover. Qui dit flaque sanguinaire dit arme du crime, d’où la présence d’un marteau au premier plan de l’image. Cet outil n’a pas été choisi au hasard ; Cliff Burton (bassiste du groupe) avait pris la fâcheuse habitude de se trimballer avec un marteau lors des tournées afin de détruire tout et n’importe quoi quand il le voulait. Par peur de se revoir bannir des disquaires, les musiciens américains ont choisi de ne pas représenter une réelle scène de crime, mais d’y faire allusion implicitement. Seul point commun aux deux pochettes de ce premier album : le logo Metallica, présent jusqu’au dernier disque en date du groupe “Hardwired… to Self-Destruct”, sorti en 2016.

    Heureusement pour les amoureux de pochette culte, l’artwork original de “Metal Up Your Ass” n’a pas été abandonné. Les membres de Metallica ont décidé de commercialiser l’image choc sur des t-shirts, deux ans après la sortie du disque. Un concept loin d’être révolutionnaire mais qui a bien fonctionné. Aujourd’hui, le t-shirt de 1985 est une denrée rare qui représente parfaitement l’état d’esprit des metalleux à leurs débuts. Même si la pochette originale n’est jamais apparue sur l’album, Metallica a bien pris soin de raconter son histoire au fil des années et par la même occasion, d’écrire sa légende.