2022 M09 4
Si vous doutez encore que cette année appartient bel et bien à l’ex-membre des One Direction, Harry Styles, navré de vous dire que vous vous méprenez. L’ultime preuve en date, c’est que Rolling Stone, pour la toute première fois de son histoire, l’a hissé en une des 14 éditions du magazine dans le monde pour son numéro d’août. Une prouesse rendue possible grâce au succès de son troisième album solo « Harry’s House », lui-même porté par la résonnance internationale que connaît toujours As It Was, chanson forte de ce disque, parue fin mars.
À l’origine de cette hype autour de ce single, il y a eu un coup marketing habile. Pour teaser la sortie de son nouvel album, Harry Styles a d’abord disséminé d’énigmatiques publicités dans bon nombre de journaux internationaux, qui toutes renvoyaient à un mystérieux site web (http://youarehome.co). Un jeu de piste que le chanteur stoppait net en dévoilant la cover et la date de sortie de « Harry’s House ».
Déjà, grâce à l’histoire derrière la vidéo de ce hit. Réalisée par l’Ukrainienne Tanu Muino — à qui l’on doit certains clips de Rosalía, Lil Nas X, Post Malone ou encore The Weeknd — le tournage a eu lieu à un moment historique, celui de l’invasion russe en Ukraine, renforçant ainsi sa symbolique. Dans un communiqué relayé par Rolling Stone, la réalisatrice se confiait :
« Ce shooting fait partie des plus beaux jours de ma vie, mais lors du deuxième jour, mon pays a été envahi. Alors vous pouvez imaginer la foule d’émotions que nous avons pu ressentir, moi et mon équipe ukrainienne. Nous avons investi tellement d’amour dans cette vidéo, et ça se voit à l’écran. »
Arrivé là, il ne lui restait plus qu’à asséner le coup de grâce. Ce fut chose faite, lorsqu’il partagea le clip de As It Was, morceau écrit avec ses collaborateurs de longue date, Kid Harpoon et Tyler Johnson, produit en direct du célèbre Shangri-La, studio de Rick Rubin situé à Malibu. En moins de 24 heures, comme Spotify le rapportait, la chanson est devenue la plus streamée de 2022 en une journée, ainsi que la plus écoutée sur la même période aux USA. Un record qui a marqué le début d’une hégémonie, qui s’explique par plusieurs raisons.
You know it's not the same As It Was. @Harry_Styles just broke some records 🏆 pic.twitter.com/VT2cq87Vg0
— Spotify (@Spotify) April 2, 2022
Surtout, parce que le morceau en soi a fait une rare unanimité auprès du public et de la presse spécialisée. Particulièrement chez Rolling Stone, qui, dans le même article cité précédemment, s’est montré dithyrambique. En attribuant à cette chanson tous les superlatifs possibles et imaginables, les Anglais se sont également permis des associations flatteuses, notamment à Depeche Mode et… Paul McCartney, l’un des héros de Styles.
Enfin, car le fond de ce morceau parle au plus grand nombre. Comme tous les autres textes du disque, As It Was a été pensé comme un monologue intérieur. Une technique sémantique qui fait écho à l’album de Haruomi Hosono, « Hosono House » (1973), que le Britannique cite ouvertement en inspiration. En clair, cette chanson retranscrit une volonté de « métamorphose », de « changement de perspective », comme le principal intéressé l’expliquait dans une récente interview. Des thèmes plus que centraux dans cette période terne, et qui justifient le rayonnement que continue d’avoir ce titre, même repris par des artistes français comme Charlie Winston, récemment, sur Jack.
Crédit photo en une : YouTube « Harry Styles - As It Was »