Dix fois où Paul McCartney a pété un câble sur des morceaux chelous

Les tubes taillés pour les stades, l’impact des Beatles, le charme des Wings, les collaborations avec Kanye West ou Rihanna… Trempé dans la pop culture, le mythe McCartney vit toujours. Si bien qu'on en oublierait presque son goût pour les expérimentations, perceptibles dans des morceaux visionnaires. Juste avant la sortie de "McCartney III", en voici 10.
  • « Christmas Mixtape »

    Pour commencer, on triche un peu avec cette mixtape pressée à seulement quatre exemplaires en 1965. Et pour cause, « Unforgettable » n'est rien d'autre qu'un cadeau de Noël offert par McCartney à George Harrison, John Lennon et Ringo Starr. Il l'a enregistré complétement défoncé, sur le même appareil que celui qui servira à immortaliser Tomorrow Never Knows, en profite pour croiser un titre de Nat King Cole avec I Get Around des Beach Boys et, de fait, témoigne déjà de son goût pour les mélodies bricolées.

    Hot As Sun/Glasses

    Deux instrumentaux bien distincts, un extrait de Suicide, morceau composé à l'origine pour Frank Sinatra, mais aussi des bruits de verres : pour son premier album solo, l'éponyme « McCartney » sorti en 1970, l'Anglais semble prêt à amener le fan des Beatles vers de nouvelles expériences. Ça ne dure que deux minutes et sept secondes, mais il faut croire que c'est déjà largement suffisant pour approcher l'extase.

    Kreen-Akrore

    Sur le même album, en conclusion, on trouve Kreen-Akrore, inspiré par un documentaire sur un peuple indigène du même nom, perdu au beau milieu de l'Amazonie. Là encore, McCartney prend soin d'inclure quelques étrangetés au milieu de cette mélodie particulièrement soignée : des cris de singes, le souffle de sa femme, Linda, ou encore une batterie imprévisible et presque psychédélique, qui rappelle que certains de ses nouveaux morceaux sont nés lors d'un voyage en Inde, où ce bon vieux Paulo et ses ex-compagnons de route avaient étudié la méditation transcendantale.

    Uncle Albert/Admiral Hasley

    Des morceaux à tiroirs : voilà ce que semble vouloir composer Macca au moment d’entrer en studio pour l’enregistrement de « Ram ». On tient pour preuve ce single où surgissent sans prévenir de nombreux instruments (trompette, guitare, batterie), comme pour surprendre en permanence l’auditeur, forcément déstabilisé par la découverte d’un tel puzzle sonore - logique quand on sait que Uncle Albert/Admiral Halsey est en réalité un condensé de plusieurs idées non abouties par le passé, notamment lors de l'enregistrement d'« Abbey Road ».

    Too Many People

    Parallèlement à l'enregistrement de « Ram », Macca fait arranger une version instrumentale et orchestrale de son deuxième album solo. Sous un nouveau pseudo (Percy 'Thrills' Thrillington) et avec la ferme intention de laisser les cuivres prendre toute leur ampleur, quitte à frôler par instants le ridicule. Jusqu'au-boutiste, McCartney ira jusqu'à inventer une fausse carrière à son double artistique, grâce à la plume de Clint Harrigan, journaliste à qui il avait déjà accordé à une fausse interview en annonçant qu'il comptait quitter les Beatles.

    Oh Woman, Oh Why

    Saviez-vous que Paul McCartney, en 1971, s'était essayé au blues avec Oh Woman, Oh Why, abandonnant son chant léger pour des mots criés, tel un Robert Plant en pleine jouissance ? Non ? Bon, eh bien voilà.

    Spin It On

    Au sein de la discographie de McCartney, « Back To The Egg » est possiblement l'album le plus rock. D'Old Siam, Sir à Getting Closer, le son est énergique, les riffs tout en tension. À l'image de ce Spin It On, étalé à peine plus de deux minutes, mais porté par un bref solo de guitares électriques, suffisamment accrocheur pour rappeler que l'ex-Beatles s'est un jour rêvé en star de hard rock.

    Temporary Secretary

    En 1980, McCartney commence à se lasser des Wings. Alors, comme n'importe quel adolescent agacé parle monde alentour, l'Anglais prend la tangente, s'isole, évolue dans son coin et radicalise sa démarche avec un troisième album solo réalisé en totale solitude. Résultat : « McCartney II » contient des morceaux d’une liberté folle, presque punk dans l’énergie, tel ce Temporary Secretary porté par des synthés qui rappellent que les avant-gardes et les musiques populaires ne se sont pas toujours regardées en chien de faïence.

    Pure Trance

    « Je n’ai jamais voulu être le prisonnier de ma propre célébrité, ça m’a toujours paru être la tragédie ultime. » Ça,, c'est ce que raconte Paul McCartney dans sa biographie (Many Miles From Now). Derrière les mots, il y a surtout les actes : le fait qu'il ait changé régulièrement de pseudo (Paul Ramon, Bernard Webb ou encore Percy Thrillington), qu'il ait été capable de chanter aussi bien Obla Di Obla Da que Here There & Everywhere, ou l'existence de The Fireman, créé en 1993 aux côtés de l'ancien bassiste de Killing Joke dans l'idée de se mettre à la techno. Et ça donne des morceaux comme Pure Trance, particulièrement envoûtant, en effet.

    Fluid

    Cinq ans plus tard, toujours au sein de The Fireman, le Liverpuldien fait une nouvelle fois dans la musique progressive, tendance minimaliste cette fois : Fluid s’entend effectivement comme ces titres réduits au minimum, qui privilégie la soustraction à la débauche instrumentale.